Les deux couples d'amis de longue
date avec enfants, les maisons de campagne, une séparation,
l'arrivée d'une nouvelle compagne, la déprime de la
délaissée… tout cela, sur le papier, peut faire
penser aux films du regretté Claude Sautet, dont Guillaume
Canet avait tenté, en vain, de reprendre le flambeau avec
ses petits mouchoirs…
Sauf que pour ces week-ends, il ne s'agit pas de cela. Les personnages
sont définis par des petits riens, des fêlures, des
regards, des absences, des mensonges… Pas de grandes scènes
magistrales avec dialogues savoureux, pas de machos tonitruants
ni de maîtresses-femmes, ce qui est montré ressemble
bien plus à la vraie vie des gens, dans le quotidien et les
sentiments. Mais ce n'est pas fade ou ennuyeux pour autant. Il y
a des surprises, des étrangetés, des revirements,
comme dans la vraie vie, encore.
L'observation est fine, le jeu des acteurs privilégie la
fragilité, les phrases qui ne se finissent pas, ce qu'on
attend n'arrive pas toujours. Ce n'est donc pas un cinéma
de confort, on peut se sentir un peu mal à l'aise, un peu
bousculé autant par ce qui arrive que par les choix de mise
en scène et de montage. Ça n'est pas du Pialat ou
du Doillon non plus, ça ne déchire pas (le cœur
ou les oreilles). Les actrices ont la part belle dans cette partition,
Karin Viard et Noémie Lvovsky n'innovent pas beaucoup par
rapport à ce qu'on leur a déjà vu faire mais
c'est du beau travail, ciselé, précis jusque dans
les flous, les approximations. Les hommes plus silencieux et moins
en mouvement n'étonnent pas non plus au regard de leur jeu
habituel mais ils sont parfaits dans leur emploi.
Comédie singulière, faussement banale, déguisée
en comédie de mœurs, cette succession de week-ends mérite
qu'on s'y attarde.