L'affaire Xavier Fortin provoque
une petite effervescence chez les cinéastes français,
pas moins de deux films en une année, un peu comme pour Yves
Saint Laurent, sauf que la couverture médiatique est à
peu près nulle pour cette "vie sauvage", qui raconte,
pour la deuxième fois, comment un père a emmené
ses deux enfants avec lui, et a réussi à vivre avec
eux, en cavale, pendant plus de dix ans…
Le premier film sur l'affaire, "la
belle vie", appuyait son récit sur les deux enfants
devenus adolescents et décrivait comment l'envie de l'un
de vivre une histoire d'amour avec une jeune fille était
le point de départ de la cassure d'avec leur père.
Cédric Kahn fait le choix d'un récit plus exhaustif,
montrant les enfants au moment de la séparation puis lors
des toutes premières années, puis à l'aide
d'une ellipse temporelle, saute au moment et aux évènements
relatés dans "la belle vie", en développant
le personnage du père, beaucoup moins caricatural, plus fouillé,
plus complexe. Il s'agit de deux scénarios s'inspirant de
la réalité, avec des aspects inventés, il y
a donc des variations de l'un à l'autre, mais au final, ce
ne sont pas ces différences de récit qui marquent
le plus, mais bien la mise en scène. Ici, la tension est
palpable, lors des scènes de fuite, d'affrontement entre
les différents personnages. Le montage nerveux, la caméra
portée, les cadrages bien contrastés apportent au
film un suspense surprenant (on connaît pourtant la fin…),
suscitent un intérêt constant et finalement rendent
beaucoup plus prégnantes toutes les interrogations posées
par cette histoire, de l'aspect purement matériel (comment
vit-on en clandestinité pendant plus de dix ans ?) aux questions
de choix d'existence en passant par la séparation subie ou
voulue, la désillusion, l'amour filial malgré tout…