Vers la lumière *

Naomi Kawase

L'histoire

Misako passe son temps à décrire les objets, les sentiments et le monde qui l’entoure. Son métier d’audiodescripteur de films, c’est toute sa vie. Lors d’une projection, elle rencontre Masaya, un photographe au caractère affirmé dont la vue se détériore irrémédiablement.

Avec

Masatoshi Nagase, Ayame Misaki, Tatsuya Fuji, Kazuko Shirakawa

Sorti

le 10 janvier 2018


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Perdre et vivre (quand même)

 

C’est un film sur le fil. Un fil poétique, qui en séduira certains, et laissera les autres de côté, dans un ennui probablement abyssal. Les événements ne sont pas les points forts du récit, ce sont plutôt des impressions, des vues partielles, des images brouillées, avec un travail impressionnant sur les ambiances sonores. Si l’on parvient à lâcher prise, à glisser dans un univers flottant et parfois déstabilisant, il y a de quoi prendre énormément de plaisir, ressentir des émotions profondes, se poser des questions sur ce que peut être la douleur consécutive à la perte, quelle qu’elle soit. Car le sujet est bien là, la perte de la vue, d’un être cher, de l'amour, de ses illusions, de la confiance des autres et en soi. Dans la lumière du titre, vers laquelle les personnages tendent, chacun y verra ce qu'il a envie d'y trouver, une présence divine, une raison d'espérer même dans la pénombre, les vibrations naissantes entre deux êtres qui se rencontrent, ou tout à fait autre chose… la réalisatrice ne donne pas de réponse toute faite, c'est au spectateur de percevoir ou d'imaginer ce qui n'est pas livré explicitement par le récit. En cela, ce chemin vers du moins sombre se rapproche d'un film déjà ancien de Naomi Kawase "La forêt de Mogari", où les émotions naissaient de tout petits riens, et s'écarte de sa production précédente "Les délices de Tokyo", où tout semblait d'une douceur attendue et prémâchée.

Vos commentaires pour ce film

Pas grand-chose à ajouter au commentaire d’Al1. Je fais partie de ceux qui auront été séduits, emportés par ce film.
Le rythme est lent ; il laisse la place et le temps aux divagations, à la réflexion, aux émotions …
Ce qui est dit, ce qui est signifié, ce qui est laissé à l’interprétation du spectateur est d’ailleurs, en tant que tel, un des sujets de « Vers la lumière », au travers de scènes formidables ou Misako exerce son métier d’audiodescriptrice de films. On assiste à des séances durant lesquelles elle teste des autodescriptions d’un film auprès d’une dizaine de non-voyants. Les réactions, les échanges sur ce qu’il faut dire, ou pas, sont passionnantes. La dernière scène du film, qui la version finale du travail de Misako est un bijou d’émotions.
Les questions qui sont posées sur la perte, les deuils (« ce qui ne s’accepte pas ne finit pas » - Jeanne Benameur) et les (re)constructions sont d’une grande subtilité.
Bon, on ne se marre pas plus que ça, faut bien le dire.


Thierry D. le 22 janvier 2018

 

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