Une valse dans les allées

Thomas Stuber

L'histoire

Le timide et solitaire Christian est embauché dans un supermarché. Bruno, un chef de rayon, le prend sous son aile pour lui apprendre le métier. Dans l’allée des confiseries, il rencontre Marion, dont il tombe immédiatement amoureux.

Avec

Franz Rogowski, Sandra Hüller, Peter Kurth

Sorti

le 15 août 2018


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Poétique monotonie

 

Après le thriller poétique (Burning), voici le film social poétique, avec un univers singulier, fait de petites touches assemblées pour former le portrait de travailleurs déclassés (ils ont été chauffeurs routiers, ils sont manutentionnaires) quelque part dans une grisaille européenne qui ne fait plus la distinction entre l'Est et l'Ouest ; il fait pourtant souvent beau, mais le terne l'emporte, par les vêtements, les intérieurs, l'entrepôt… Les éclairages doux et les ambiances sonores décalées tentent de magnifier cette grisaille, en vain la plupart du temps : l'avenir, sans être sombre, reste plat, désespérément plat pour tous les personnages. Le récit sans surprise maintient une monotonie qui finit par lasser. Il y a bien quelques pointes d'humour, les sourires narquois de Sandra Hüller (qu'on ne voit pas assez, malheureusement), les suspenses miniatures sur les progrès (ou pas) de Franz Rogowski dans l'art de jucher une douzaine de caisses de bouteilles d'alcool à huit mètres de hauteur, mais les jeux de regards qui tournent en rond, le (quasi) silence obstiné de l'apprenti manutentionnaire et l'aspect un peu cliché des personnages ne font pas décoller l'ensemble. On attend une étincelle, qui ne vient pas.

 

Vos commentaires pour ce film

Là, ça sent l’étoilé, le top 5, 3, 1 !
En tout cas, le cinéma que j’aime, qui me bouleverse.
Un cinéma qui dit des choses sur l’état de la société, sur nous. Un cinéma qui montre ce qui se passe ailleurs, dans la toundra, dans une famille marocaine ou dans l’usine d’à côté.
Là, c’est un supermarché de gros en Allemagne, versant ex RDA ; c’est la vie des manutentionnaires qui y travaillent, notamment la nuit.
Et la vie est dure. La misère n’est pas loin, elle rôde.
La vie de ces manutentionnaires longe une ligne de crête. D’un côté les blessures, la solitude, la précarité, la nostalgie. De l’autre côté, les complicités de destin, la dignité, les sentiments amicaux et amoureux, les petits plaisirs (la clope partagée dans les toilettes, les cafés qu’on s’offre, les parties d’échecs, le bbq du soir de noël, ...)
Tout ça est signifié avec une humanité bouleversante. Sans profusion, sans excès, sans jugement, sans revendication.
Presque sans mot aussi. Des taiseux, ces gens-là. Et tout est dit pourtant, avec finesse, par les regards, les attitudes, les silences tellement éloquents.
Et puis, sans desservir en rien un propos très réaliste et âpre, ce film est d’une poésie inouïe. L’essentiel des scènes se déroulent dans et aux abords des entrepôts de ce supermarché, à la fois glauques et illuminés par la danse des engins de manutention, par la variétés des rayons de pates, par la musique.
Un bijou.


Thierry D., le 2 septembre 2018

 

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