Burning

Lee Chang-Dong

L'histoire

Lors d’une livraison, Jongsu, un jeune coursier, retrouve par hasard son ancienne voisine, Haemi, qui le séduit immédiatement. De retour d’un voyage à l’étranger, celle-ci revient cependant avec Ben, un garçon fortuné et mystérieux. Alors que s’instaure entre eux un troublant triangle amoureux, Ben révèle à Jongsu son étrange secret. Peu de temps après, Haemi disparaît…

Avec

Yoo Ah-In, Steven Yeun, Jeon Jong-seo

Sorti

le 29 août 2018


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Ou pas.

 

Une fille, deux gars, on pense à "Jules et Jim". Ou pas (du tout). Pourtant la fille est plutôt joyeuse, et fait ce qu'elle veut de son corps et des sentiments qu'elle veut bien montrer. Ses deux soupirants (?) sont aux antipodes l'un de l'autre, Jongsu est un taiseux et se traîne avec un air d'abruti d'un bout à l'autre du récit, Ben est un homme d'affaires aimant les plaisirs, au sourire légèrement carnassier. Entre ces trois-là, se joue une étrange histoire qui prend parfois des allures de thriller mais qui surtout s'étale et s'étire dans de grandes mares d'incertitude sur ce que sont les personnages, sur ce qu'ils désirent vraiment. C'est poétique, semble-t-il, si la poésie consiste à filmer des images floues, puis moins floues, avec il est vrai de jolis éclairages crépusculaires. Il est question d'un puits, de serres brûlées, d'un chat, tous irréels, ou pas. Ces mystères manquent… de mystère, parce qu'ils ont au final assez peu de sens. Le réalisateur sème des indices tout au long du film, qui permettraient peut-être d'en trouver, du sens, et comme le personnage principal tente d'écrire un roman, tout ce que l'on voit ne pourrait alors n'être que le fruit de son imagination… ou pas. Ce n'est certes pas désagréable, quelques scènes sont très réussies visuellement (l'épluchage mimé de la clémentine, la danse au son de la trompette de Miles Davis), et la dernière séquence a au moins le mérite de sortir le spectateur de sa douce léthargie, mais l'ensemble est tout de même bien long et flirte bien souvent avec le vide.

 

Vos commentaires pour ce film

Il est toujours délicat d’isoler un film de la filmographie d’un réalisateur, car toute narration, filmique ou non, est la suite d’un parcours, la progression d’une réflexion, l’aboutissement d’une recherche. Dans la filmographie de Lee Chang-Dong, « Burning », avec sa narration arythmique propre au cinéma japonais, la délicatesse de sa photographie, les jeux de lumière opaline ou le jeu élégant des acteurs apparaît comme l’œuvre manquante, le chaînon rendant à la ligne sa linéarité, à l’histoire son sens caché. Parler de « Burning » sans le relier aux autres travaux de Lee Chang-Dong serait donc comme évoquer le dernier Michel Reymond - qui sortira le 12 décembre sous le titre provisoire de « Un été sans fondement » - sans faire référence a minima à ses œuvres de jeunesse telles « L’automne de ma raison » ou « Les folles acceptations de l’invisible imprévisible ». L’absence de prix attribué à « Burning » lors du dernier Festival de Cannes n’est ni juste ni injuste car ce serait réduire ce film à une simple question de palmarès, alors que ce non-prix est justement un hommage au réalisateur, comme peut l’être la non-attribution d’un ministère à la personnalité qui en a toutes les qualités. En cela, « Burning » est à l’image de notre société. Il s’inscrit si parfaitement dans notre monde que l’on en vient à se demander si « Burning » n’est pas Le Film à la genèse de notre Histoire et de nos vies, et non notre Histoire et nos vies les inspirateurs d’Haruki Murakami - auteur de la nouvelle dont le film de Lee Chang-Dong est l’adaptation pelliculée.

Claude E, le 6 septembre 2018

 

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