Soit un homme lambda, vendeur
de voiture, marié, un enfant, bientôt un chien…
Il roule tranquillement sur une très jolie route, le voilà
qui s'engouffre dans un tunnel, qui après quelques grondements,
s'écroule sur lui et sa voiture.
Bien sûr, il ne meurt pas de cet accident (le film serait
terminé un peu trop tôt) et toute la suite montre d'une
part sa survie à l'intérieur du tunnel (ou ce qu'il
en reste) et toutes ses actions pour que celle-ci soit la plus longue
possible et d'autre part l'organisation des secours, à l'extérieur,
pour tenter d'extirper le malheureux de cet ensevelissement.
Les Américains sont les maîtres de ce type de film,
avec toutes ses variantes possibles, un héros plus ou moins
valeureux, des sauveteurs qui se surpassent, des épreuves
qui s'amoncellent, la couverture par les médias, etc. Ce
tunnel est en Corée, et le maître à bord, c'est
le réalisateur de l'excellent Hard
Day, qui racontait tous les ennuis d'un flic corrompu,
avec drôlerie et non sans cruauté. Le récit
de cette tentative de sauvetage est donc à peu près
balisé, et ressemble à certaines histoires déjà
montrées au cinéma, mais le sujet inattendu, et presque
principal ici, c'est bien la critique du fonctionnement d'un pays,
de ses institutions, de ses certitudes économiques, une sorte
de rêve coréen qui tourne au cauchemar. Le film n'oublie
pas cependant de happer le spectateur, de le maintenir en apnée
un bon moment (vont-ils parvenir à le sortir de là,
ou pas ?), tout en pointant par de multiples péripéties
les failles humaines et les grandeurs, la lâcheté comme
la solidarité, l'amertume et l'espoir, la bêtise et
l'esprit d'indépendance…