Lorsque le film, par moments,
atteint ses ambitions, il fait regretter tous les autres passages
où, par manque de moyens parfois, ou bien par excès
d'effets, l'ensemble sombre dans la violence gratuite et inutile,
ou lorsque le récit patauge dans une succession de faits
absolument pas crédibles. On pense parfois, curieusement,
à la grandiloquence d'histoires d'un autre âge (Les
Misérables, de Hugo, ou Les mystères de Paris, d'Eugène
Sue) parce que les personnages sont marqués par la Destinée,
se débattant certes avec leur époque et leur lieu
de vie, mais prisonniers de leurs propres trajectoires. Il y a donc
la pauvreté, la corruption, la bêtise humaine, et toutes
sortes d'obstacles à une existence paisible, inhérents
au contexte social, mais il y a aussi le poids de la famille, les
marques de naissance, les empêchements inextricables que l'on
se crée tout seul.
L'Inde qui y est montrée est bien loin de la vision touristique
de quelques films récents (Indian
Palace, ou The Lunchbox...),
l'image est puissamment laide, aidée en cela par les lieux
où se passe l'action, mais la description de cette société
absurde, corrompue et rétrograde est saisissante, et pourrait
sans doute s'appliquer en bien d'autres endroits de la planète.
On en sort avec une envie très, très modérée
d'aller voir tout cela de près, et en se disant que cette
histoire est tout de même énorme dans son accumulation
de calamités.