Elles ont du caractère,
ces deux femmes-là. Elles traversent les guerres entre le
Liban et Israël, meurtries par les deuils, ou l'éloignement.
Le récit, confus et déroutant au début, s'éclaircit
peu à peu et les fait se rencontrer. C'est un projet intéressant,
dont on sent bien le message, martelé d'un bout à
l'autre, sur l'absurdité de la guerre et les douleurs des
femmes qui la subissent. Mais il y a quelque chose d'inabouti, dans
le jeu des actrices, dans le montage, dans les décors, qui
fait que beaucoup de scènes ne sont pas crédibles,
à la lisière du théâtre en plein air
et du théorique, en particulier tout ce qui est filmé
sur la frontière, un simple grillage gardé par quelques
soldats qui ne semblent pas très au fait de ce qu'ils font
là. Si le but était de montrer une réalité,
c'est raté, on n'y croit pas une seconde. Et si le but était
de passer du côté de l'onirisme pour montrer la folie
des hommes, c'est raté aussi. On pense à l'incroyable
Foxtrot, autrement
plus mystérieux, poétique et qui réussissait
l'osmose entre le drame et la comédie, dans un geste sublime
et dérisoire. Ici, rien de tout ça. C'est à
la fois trop déconnecté du réel et trop terre
à terre.