Foxtrot **

Samuel Maoz

L'histoire

Michael et Dafna vivent à Tel Aviv. Leur fils aîné Yonatan effectue son service militaire sur un poste frontière, en plein désert. Un matin, des soldats sonnent à la porte du foyer familial. Le choc de l’annonce va réveiller chez Michael une blessure profonde, enfouie depuis toujours. Le couple est bouleversé. Les masques tombent.

Avec

Lior Ashkenazi, Sarah Adler, Yonaton Shiray

Sorti

le 25 avril 2018


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Danse carrée

 

Ça ne tourne pas rond, et pourtant ça tourne, parce que ça revient au point de départ, une route dans le désert. Foxtrot c'est un film et c'est aussi une danse (le réalisateur a d'ailleurs travaillé à ses débuts avec le chorégraphe Ohad Naharin), une danse qui pourrait ne jamais s'arrêter, géométrique, tendant vers le carré… et lorsqu'un soldat près d'une barrière improbable dressée sur une route au milieu de nulle part montre les pas du foxtrot à son compagnon de garde, laborieusement, en avant, puis à droite, en arrière puis à gauche et recommence et tout d'un coup la musique explose, les gestes du soldat partent dans tous les sens, ce n'est plus un foxtrot, c'est une danse de toute son âme qui n'en peut plus d'attendre, c'est complètement inattendu, et c'est magnifique. Sur le côté de la route, une Marylin de camionnette sourit de toutes ses dents et ne vous demandez pas pourquoi elle est là, cette camionnette, ne vous demandez pas non plus où ils sont, ces soldats, peut-être ne le savent-ils pas eux-mêmes. Le père de l'un d'eux le cherche et voudrait qu'il rentre à la maison, parce que le ciel de la douleur lui est tombé sur la tête, parce que le sol penche, parce qu'il a peur que son fils paye pour lui, pour ce qu'il porte en lui. Le scénario est admirablement construit, en trois actes : une comédie onirique et absurde, une tragédie glacée, une rédemption intime… et chacun de ces actes, dans l'ordre ou le désordre, répond aux deux autres, si différents et pourtant si géométriques tous les trois, cherchant la quadrature du cercle, ou la cerclitude (?) du carré, tout est millimétré, cadré à merveille, aucune image n'est banale, c'est mathématique et poétique. Un bijou noir et brillant, désespéré, avec des bouffées d'humour amer et dérisoire. Foxtrot ne tourne pas rond, tout comme cette famille, comme ce pays, comme ce monde qui se meurt avec des soubresauts sublimes.

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