Après deux films à
tendance cérébrale affirmée, Julie Delpy surprend
avec ce Skylab en pleine liberté, lâché au-dessus
de nos têtes sans savoir où ni quand il atterrira (ou
s'écrasera, c'est selon). En effet, la famille décrite
au cours de ce week-end un peu fou et pourtant banal, n'a rien de
l'esprit intellectuel et largement prise de tête de "2
days in Paris", et encore moins de la froideur artificielle
de "la
comtesse". Tous un peu déjantés (mais n'est-ce
pas ainsi dans toutes les familles), névrosés, certains
bas de plafond, d'autres un peu plus malicieux… ils s'engueulent,
s'adorent ou se détestent, sont d'une cruauté involontaire
hallucinante puis dans la minute suivante d'une tendresse déconcertante.
Une vraie famille, en somme, à l'image du temps breton : il
fait beau plusieurs fois par jour. Les acteurs en font des tonnes,
mais tout passe : chacun dans leur numéro outré de beauf
plus vrai que nature, ou de femme aigrie, ou bien encore de toute
jeune adolescente pré pubère… Ils sont tous formidables,
attachants, repoussants, et l'on connaît tous leur équivalent
dans la vraie vie… Le récit est par contre à la
traîne des personnages, plutôt décousu, enchaînant
les scènes comme une série de sketches assez réussis
mais sans véritable évolution. La caméra rend
compte, mais ne propose rien de véritablement enthousiasmant.
Malgré des dialogues percutants, les confrontations entre les
différents membres de la grande famille, les scènes
intimes comme celles de groupes semblent toutes filmées de
la même façon, poussive et sans élévation…
Mais on ne boudera pas son plaisir, fait de francs éclats de
rire et de petits instants d'émotion.