Comment recevoir la pluie ? Une
averse accueille l’un des personnages au tout début du
film et à sa sortie de prison. D’un mouvement énergique,
il se protège le crâne avec sa veste, dans un geste de
repli. Symboliquement, il crée un refuge pour que les autres
ne l’atteignent pas, et de la même façon, on ne
saura rien de son passé. Cela n’a l’air de rien
mais le contraste est saisissant avec la dernière scène
du film, où une femme sous la pluie elle aussi, s’offre
au bonheur des trombes d’eau qui s’abattent sur elle,
fêtant sa libération d’une toute autre manière,
ayant enfin rompu tous les liens qui la retenaient prisonnière.
Deux déluges, deux personnages, deux tons aussi : l’un
penche vers la comédie pure, tournant à peu près
tout en dérision, y compris la mort. C’est l’occasion
de quelques scènes assez réjouissantes, pas vraiment
crédibles, presque burlesques dans leur noirceur. L’autre
tendance vient avec l’entrée en scène de la fiancée
kurde. Le récit prend alors un aspect beaucoup plus grave,
frôlant la tragédie. Les deux dimensions cohabitent,
font alterner un comique de situation et une fatalité désespérante.
Cela fonctionne, mais pas toujours. Il arrive que l’un tue l’autre,
et les émotions ont bien du mal à naître avec
un tel mariage…
Golshifteh Farahani, que l’on a pu voir, entre autres, dans
"à
propos d’Elly", confirme son talent, sa présence,
et toutes ces sortes de choses que l’on éprouve lorsque
l’on aime les actrices qui font vibrer l’écran…