Les films qui nous arrivent du
Brésil se suivent et…se ressemblent. Après "Casa
Grande", qui montrait la maison d'une famille riche en
pleine décomposition et obligée de se séparer
un par un de ses employés de maison, voici cette "seconde
mère" (titre à multiples sens) qui se passe aussi
à l'intérieur d'une maison luxueuse abritant un couple
très aisé et son enfant, ainsi que la nounou à
demeure, jouée par une comédienne très connue
au Brésil. Il est question du conflit social, des bouleversements
inévitables qui ont lieu dans la société brésilienne
depuis l'avènement de Lula.
Là ou "Casa Grande" frôlait la tragédie
et sidérait par son approche à la fois sociale et
psychologique, cette production repose parfois un peu trop sur la
présence comique de son actrice principale. Comédie
? pas tout à fait, il y a trop d'amertume dans le récit
et quelques non-dits sordides. Le personnage principal, Val, est
partagé entre d'une part une tendance presque classique et
universelle du rôle de l'employée de maison qui mêle
bon sens, culture populaire, soumission acceptée mais franc-parler,
confidente par instants mais citoyenne de seconde zone, et d'autre
part une allégorie du Brésil actuel, lorsque la fille
arrive et bouleverse l'ordre établi : Val ne sait plus où
elle habite, dans tous les sens de l'expression, elle voudrait pouvoir
donner tout ce qu'elle peut à sa fille, à la jeunesse
brésilienne, mais elle n'ose pas, au fond, renverser les
traditions.
Le scénario n'évite pas toujours les clichés
et les séquences attendues, l'épilogue provisoire
est un peu trop moralement correct, mais l'ensemble du film se tient,
et donne une version un peu plus optimiste de l'évolution
de l'Humanité que "Casa Grande".
Etrangement, on pense aussi à une production de l'autre côté
du Monde (Singapour), "Ilo
Ilo", qui montrait lui aussi, une nounou ayant laissé
son propre enfant pour s'occuper de celui d'un couple aisé
: il y a quelque chose d'absurde dans ces situations, quelque soit
l'endroit où cela se passe.