Dans Les
hommes du feu, film récent mettant en scène
quelques pompiers aux prises avec la vie, la caserne, les interventions,
le danger, les montées d'adrénaline… l'aspect
documentaire était plutôt bien réussi, en tous
cas bien mieux que les côtés fictionnels et intimistes,
drôlement balourds.
Ici, dans ce film de Frédéric Tellier, la première
partie, "Sauver", est semble-t-il très documentée,
se permettant de faire dresser quelques poils lors de scènes
assez puissantes, sobres et dignes. La Marseillaise chantée
en coupant net chaque fin de phrase, c'est impressionnant, tout
comme les procédures suivies à la lettre pour chaque
intervention sur le terrain, sans aucune emphase. La netteté
et la précision de tout cela contrastent avec la chaleur
amoureuse entre Franck (Pierre Niney), pompier par vocation, et
Cécile sa femme, forcément charmante (Anaïs Demoustier).
Mais le spectateur sait que la suite ne sera pas aussi radieuse.
Et d'ailleurs, s'il n'y avait que cette première partie,
il ne serait pas venu.
Vient donc la deuxième partie, "Périr" (ou
presque). L'aspect documentaire laisse franchement la place à
la recherche d'émotions, le destin, la douleur physique et
morale, le désespoir, l'amour ébranlé, le sens
de la vie qui se barre et autres charmes de l'existence. C'est tout
à fait digne, il y a énormément de courage
de la part de la plupart des personnages, il y a aussi des failles,
des humiliations, des mots dits et regrettés, des mots dits
qui font quelques dégâts, la tête brûlée
de Pierre Niney (beau boulot de maquillage, il n'y a pas un César
pour cela ?), les seins minuscules d'Anaïs Demoustier, la moue
éternelle de Vincent Rottiers, la chaleur et la bienveillance
énorme de Chloé Stefani (l'infirmière). Et
bien sûr, les larmes ne sont pas loin, et de toutes façons,
on est un peu venu pour cela, pour bouffer de l'émotion.
Mais (vous le voyez venir de loin, le "mais", non ?) tout
cela est très, très prévisible. Chaque scène
est parfaite mais très attendue et sans aucune surprise,
sans étrangeté. Les pétages de plomb comme
les douceurs, les pics de mélancolie comme les sursauts qui
redonnent de l'espoir, la femme qui laisse tomber puis qui revient,
le bon copain toujours là même quand il se fait rembarrer,
la voix traînante de Niney, les enfants qui retrouvent leur
père, tout est tellement juste et droit qu'on finit par ne
plus trop y croire, à cette histoire parfaite.