Les trois jeunes filles aux rêves
volés font penser à celles du film russe "Ils
mourront tous sauf moi". Même énergie, espérances
du même ordre, des rapports avec les garçons (ou les
hommes) le plus souvent basés sur l’agressivité,
la domination, mais pas sans illusions.
Ces trois jeunes brésiliennes sont parfois filmées avec
complaisance, on montre bien qu’elles sont belles et le désir
qu’elles font naître chez les hommes s’accompagne
d’un sentiment de voyeurisme, particulièrement pour la
plus jeune, quatorze ans, quelque part encore une enfant, et dont
l’évolution donne une impression de gâchis inéluctable,
malgré la volonté et l’envie de vivre.
Ces portraits d’adolescentes naviguent sur un fil invisible,
entre gamineries et expériences terribles. Le spectateur se
retrouve en équilibre entre d’une part l’admiration
et le respect qu’on ne peut qu’éprouver au vu de
leur vie et de la façon dont elles affrontent les épreuves,
et d’autre part le sentiment de désespoir devant les
conditions matérielles, sociales, morales dans lesquelles elles
évoluent, et aussi la facilité avec laquelle elles se
retrouvent dans les pires situations. Il y a bien autour d’elles
quelques anges, qui n’en ont pas l’apparence, mais qui
le sont par leur attitude et les choix de leurs actes. Mais que peuvent
les anges face à la noirceur ?
Pas misérabiliste, sans pathos et pas moralisateur, le film
ne donne heureusement pas de réponses aux questions que l’on
peut se poser sur les vies possibles, sur un bonheur entrevu…