Trois adolescentes dans une ville
russe de nos jours, tentent de vivre leur existence de jeunes filles,
entre relations réelles ou fantasmées avec les garçons,
conflits avec les parents, dépassement des interdits. Ces trois
filles-là ont une belle énergie, interprétées
de façon très naturelle par trois jeunes actrices crevant
l’écran. Mais leurs personnages ne sont pas fondamentalement
originaux, ce sont juste des ados comme on pourrait en rencontrer
dans beaucoup de villes du monde entier. Elles nous apprennent tout
de même qu’il n’est pas nécessaire de vivre
dans une banlieue fortement multiethnique pour être victime
d’un sexisme hallucinant et destructeur. On peut rapprocher
le propos de la réalisatrice de celui de Larry Clark, montrant
par le biais des jeunes le malaise de toute une société
basée sur l’individualisme (malgré les promesses
faites entre amies) et les valeurs matérielles. Le film ne
fait pas dans la dentelle, mais il ne s’apitoie pas sur les
difficultés économiques et sociales de la Russie, il
se veut plus universel que cela : les trois jeunes filles aux prises
avec l’amour, le désir, l’amitié et les
grandes espérances, sont représentatives d’une
jeunesse déboussolée, quelque soit le pays d’origine.
La caméra furieusement mobile les accompagne, restant toujours
très proche, faisant partager au spectateur leur intimité,
parfois malhabile, parfois survoltée : on aimerait qu’elle
se pose de temps en temps, pour donner du recul, pour faire sentir
un autre point de vue. Ces réserves faites, on ne peut que
saluer l’ensemble, formidablement vivant malgré le désespoir.