Le redoutable

Michel Hazanavicius

L'histoire

Paris 1967. Jean-Luc Godard, le cinéaste le plus en vue de sa génération, tourne La Chinoise avec la femme qu'il aime, Anne Wiazemsky, de 20 ans sa cadette. Ils sont heureux, amoureux, séduisants, ils se marient. Mais la réception du film à sa sortie enclenche chez Jean-Luc une remise en question profonde.

Avec

Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Bejo, Micha Lescot, Grégory Gadebois

Sorti

le 13 septembre 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Jean-Luc Goujat

 

La mode est sans doute aux biopics qui n’en sont pas… après Barbara vue par Amalric, voici JLG vu par Hazanavicius, et surtout par Anne Wiazemsky, qui fut sa compagne et même sa femme pendant trois ans, de 1967 à 1970. Le film est une adaptation de son livre, récit de sa relation avec JLG et surtout de leur rupture. C’est une version des personnages partielle, sans doute partiale, plutôt ironique, privilégiant les anecdotes, les bons mots (les mauvais, aussi…), et qui présente deux aspects : la relation amoureuse entre JLG et Anne Wiazemsky d’une part, et d'autre part les convictions politiques et sociales des uns et des autres. Le réalisateur n’est presque jamais montré en tant que tel, il n’y a quasiment aucune scène de tournage, et la période choisie vient juste après ses trois films les plus célèbres et les mieux accueillis par le public : ce sont donc des années charnières, pleines d’interrogations, de doutes mais aussi de prises de positions radicales. Tout cela est raconté au travers de la vision d’Anne Wiazemsky, très amoureuse au début, admiratrice du personnage public comme de l’homme en privé, puis avec le temps qui passe, l’échec du film la chinoise et les provocations croissantes de JLG, l’amour décroît, se fane, s’éteint. Le souci est qu’on ne peut s'empêcher de penser que le portrait de cet homme devenu désagréable n’est que le reflet de l’extinction amoureuse. Était-il un tel goujat ? Ses positions, sa radicalité, ses prises de bec constantes deviennent avec le temps ridicules; les humiliations qu’il fait subir à sa femme le font passer pour un rustre très conservateur… tout cela est peut-être juste… ou pas.
Le film, hormis ces problèmes de cohérence historique (JLG est bien un personnage historique, non ?), est assez plaisant, tirant un peu sur l’accumulation de séquences gags et de dialogues percutants, avec un enrobage plutôt créatif, plein d'effets de sons, d'éclairages, de décalages dans le montage, comme dans un film de JLG… sauf qu'Hazanavicius ne retient que l'aspect potache, amusant, à la limite du burlesque. Un peu court, tout de même.

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