La mode est sans doute aux biopics
qui n’en sont pas… après Barbara
vue par Amalric, voici JLG vu par Hazanavicius, et surtout par
Anne Wiazemsky, qui fut sa compagne et même sa femme pendant
trois ans, de 1967 à 1970. Le film est une adaptation de
son livre, récit de sa relation avec JLG et surtout de leur
rupture. C’est une version des personnages partielle, sans
doute partiale, plutôt ironique, privilégiant les anecdotes,
les bons mots (les mauvais, aussi…), et qui présente
deux aspects : la relation amoureuse entre JLG et Anne Wiazemsky
d’une part, et d'autre part les convictions politiques et
sociales des uns et des autres. Le réalisateur n’est
presque jamais montré en tant que tel, il n’y a quasiment
aucune scène de tournage, et la période choisie vient
juste après ses trois films les plus célèbres
et les mieux accueillis par le public : ce sont donc des années
charnières, pleines d’interrogations, de doutes mais
aussi de prises de positions radicales. Tout cela est raconté
au travers de la vision d’Anne Wiazemsky, très amoureuse
au début, admiratrice du personnage public comme de l’homme
en privé, puis avec le temps qui passe, l’échec
du film la chinoise et les provocations croissantes de
JLG, l’amour décroît, se fane, s’éteint.
Le souci est qu’on ne peut s'empêcher de penser que
le portrait de cet homme devenu désagréable n’est
que le reflet de l’extinction amoureuse. Était-il un
tel goujat ? Ses positions, sa radicalité, ses prises de
bec constantes deviennent avec le temps ridicules; les humiliations
qu’il fait subir à sa femme le font passer pour un
rustre très conservateur… tout cela est peut-être
juste… ou pas.
Le film, hormis ces problèmes de cohérence historique
(JLG est bien un personnage historique, non ?), est assez plaisant,
tirant un peu sur l’accumulation de séquences gags
et de dialogues percutants, avec un enrobage plutôt créatif,
plein d'effets de sons, d'éclairages, de décalages
dans le montage, comme dans un film de JLG… sauf qu'Hazanavicius
ne retient que l'aspect potache, amusant, à la limite du
burlesque. Un peu court, tout de même.