Poetry

Lee Chang-Dong

L'histoire

Mija vit avec son petit-fils, qui est collégien. Elle aime soigner son apparence, arborant des chapeaux à motifs floraux et des tenues aux couleurs vives. Le hasard l’amène à suivre des cours de poésie et, pour la première fois dans sa vie, à écrire un poème.
Cependant, survient un événement inattendu qui lui fait réaliser que la vie n’est pas aussi belle qu’elle le pensait.


Avec

Yoon Jung-hee, David Lee, Kim Hira, Ahn Naesang

Sorti

le 25 août 2010

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Sans poésie…

 

 

 

 

Comme le précédent film de Lee Chang-Dong, "Secret Sunshine", qui suivait les traces d’une femme en plein désarroi, cette œuvre, primée à Cannes pour son scénario, donne le premier rôle à un personnage féminin plutôt exaspérant, à qui on aurait envie d’envoyer balader ses chapeaux ridicules. Naïve, parfois à la limite d’une sénilité légère, absolument pas séduisante, cette femme jouée par une actrice très célèbre en Corée du Sud apparaît dans la presque totalité des plans et comme au bout d’un quart d’heure on peut avoir envie de ne plus la voir, pensez à ce qu’on peut ressentir pendant plus de deux heures…
Une grand-mère vivant avec son petit-fils idiot, qui vient de commettre un crime… on a l’impression d’avoir déjà vu cela quelque part… effectivement, c’était le thème de l’excellent "Mother", où la vénérable aïeule était une sorte de monstre, mais infiniment plus drôle et supportable que cette sorte d’ahurie, qui tente d’oublier ses soucis (de mémoire et de cohabitation avec l’adolescent abruti qui lui sert de descendance) en s’inscrivant à un cours de poésie. Chouette, se dit-on, de la poésie, le film va décoller, devenir beau et un peu déjanté. Mais pas du tout. Le professeur et les autres prétendus poètes donnent des conseils qu’auraient pu prodiguer une armée de disciples de Paulo Coelho, l’ennui grandit et finit par tout submerger. La dernière séquence donne deux ou trois minutes de quelque chose d’enfin un peu différent, avec un peu de mystère (à commencer par la voix, à qui appartient-elle ?) et d’onirisme. Malheureusement il est trop tard, les images sans charme, le récit linéaire et une mise en scène sans inventivité ont déjà transformé la salle de cinéma en dortoir…

 

 

 

 

 

Vos commentaires pour ce film

Je ne suis pas d'accord, mais pas du tout avec ce que tu dis de Poetry, un film qui ne m'a pas emballée certes, mais qui ne mérite pas tes critiques assassines à l'égard de cette grand-mère héroïque : elle encaisse les coups de la vie et de la solitude où elle est confinée et que sa maladie rend plus inéluctable sans jamais s'en plaindre, bien qu'elle se débatte et cherche du mieux qu'elle peut une porte de sortie. Son incapacité à parler n'est pas une incapacité d'agir, mais la voue au tragique. C'est vrai qu'il est assez difficile de s'identifier à elle tant elle s'isole et se soumet à sa situation, intolérable. Pourquoi lui reprocher ses chapeaux avec lesquels elle transforme sa pauvre vie en une fantaisie douce et plaisante aux yeux d'autrui ? Au demeurant, elle sait les quitter quand il s'agit de s'occuper du vieil homme impotent et repoussant qui lui permet de gagner sa vie et de subvenir aux besoins du petit-fils que sa fille lui a laissée…
J'aurais encore beaucoup à redire pour sa défense et pour celle du film, admirablement construit, sans pathos ni psychologie (en dépit de celle que je viens de tricoter maladroitement) et qui brosse le tableau d'une société féroce (comme dans beaucoup, non ?) où écrire (de la poésie) relève du miracle. Il y a des longueurs, c'est vrai, mais à la fin elles prennent leur sens quand on découvre leur fonction. Pas de musique ni d'ornementation, pas de gratuité esthétique mais une lenteur étouffante, à la mesure de ce qui se joue pour cette femme et pour la victime du crime des garçons.
Comme quoi il peut arriver que l'on ne voit pas les mêmes choses…

Isabelle C, le 3 octobre 2010

 

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