Comme le précédent
film de Lee Chang-Dong, "Secret
Sunshine", qui suivait les traces d’une femme en plein
désarroi, cette œuvre, primée à Cannes pour
son scénario, donne le premier rôle à un personnage
féminin plutôt exaspérant, à qui on aurait
envie d’envoyer balader ses chapeaux ridicules. Naïve,
parfois à la limite d’une sénilité légère,
absolument pas séduisante, cette femme jouée par une
actrice très célèbre en Corée du Sud apparaît
dans la presque totalité des plans et comme au bout d’un
quart d’heure on peut avoir envie de ne plus la voir, pensez
à ce qu’on peut ressentir pendant plus de deux heures…
Une grand-mère vivant avec son petit-fils idiot, qui vient
de commettre un crime… on a l’impression d’avoir
déjà vu cela quelque part… effectivement, c’était
le thème de l’excellent "Mother",
où la vénérable aïeule était une
sorte de monstre, mais infiniment plus drôle et supportable
que cette sorte d’ahurie, qui tente d’oublier ses soucis
(de mémoire et de cohabitation avec l’adolescent abruti
qui lui sert de descendance) en s’inscrivant à un cours
de poésie. Chouette, se dit-on, de la poésie, le film
va décoller, devenir beau et un peu déjanté.
Mais pas du tout. Le professeur et les autres prétendus poètes
donnent des conseils qu’auraient pu prodiguer une armée
de disciples de Paulo Coelho, l’ennui grandit et finit par tout
submerger. La dernière séquence donne deux ou trois
minutes de quelque chose d’enfin un peu différent, avec
un peu de mystère (à commencer par la voix, à
qui appartient-elle ?) et d’onirisme. Malheureusement il est
trop tard, les images sans charme, le récit linéaire
et une mise en scène sans inventivité ont déjà
transformé la salle de cinéma en dortoir…