Les Pires *

Lise Akoka, Romane Gueret

L'histoire

Un tournage va avoir lieu cité Picasso, à Boulogne-Sur-Mer, dans le nord de la France. Lors du casting, quatre ados, Lily, Ryan, Maylis et Jessy sont choisis pour jouer dans le film. Dans le quartier, tout le monde s’étonne : pourquoi n’avoir pris que « les pires » ?


Avec

Mallory Wanecque, Timéo Mahaut, Johan Heldenbergh, Loïc Pech, Mélina Vanderplancke, Esther Archambault, Mathhias Jacquin, Angélique Gernez

Sorti

le 7 décembre 2022


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Misérables magnifiques

 

On peut être dérangé par le mélange trouble entre la réalité et la fiction. Fiction des personnages et réalité des jeunes acteurs, confusion possible entre le vécu de ces enfants et adolescents sélectionnés parce que, probablement, comme il est dit par l'un des personnages (ou observateur réel ?), ils sont parmi les pires du quartier, de par leur comportement, leur situation sociale, leur violence parfois… Ce sont des Misérables ? Sauf qu'ici, au contraire du film de Ladj Ly, il est question de cinéma, de lumière, d'espoir malgré tout. Dans ce quartier, avant le tournage, il n'y a pas que des problèmes sociaux (la conversation entre l'assistance sur le tournage et quelques habitantes soulève tout un tas de questions), il y a aussi des jeunes qui réussissent, scolairement, sportivement, et qui auraient pu montrer une meilleure image de cet univers qui reste trop souvent enfermé dans des clichés sur l'échec, dans tous les domaines. Mais le film n'est pas une énième fable présentant une poignée de personnages issus d'un milieu défavorisé et sauvés de la misère par leur engagement artistique, sportif ou autre. Les deux réalisatrices font un pari très risqué, miser sur quelques enfants et adolescents (réels ou fictifs) pour qui la vie est compliquée, parfois proche d'un enfer, qui n'ont pas une attitude socialement correcte (ils se révoltent, ont recours à la violence, s'invectivent avec un vocabulaire sauvagement fleuri), et en les montrant eux, les "pires" de la cité, d'une part se confronter à un travail complexe (tourner dans un film) dont ils ne soupçonnent même pas, au début, que cela puisse être un travail, et d'autre part affronter le regard et le jugement des autres sur ce qui se dit du tournage, la jalousie, l'amertume, le rejet. De plus, le récit du film qui se tourne prend naissance au cœur des difficultés sociales, il ne les esquive pas, ne les édulcore pas. Et malgré tout cela, malgré les échecs, la dureté des rapports et les désillusions, la lumière vient. Elle nait de l'intérieur, elle est très modeste et pourtant dans ce "j'ai réussi" final, elle est immense.
Les jeunes acteurs non professionnels, Mallory Wanecque et Timéo Mahaut en tête, sont hallucinants de vérité.

 

Vos commentaires pour ce film

Ah oui, j'ai trouvé ce film super intéressant : il n'élude pas la question de la manipulation du réalisateur, il explicite ce qu'est le travail de réalisation d'un film, le travail avec les comédiens ; les choses sont posées et chacun peut se faire son avis avec toute la complexité de la situation. Les deux jeunes crèvent l'écran et leur duo fonctionne bien. Bon, j'ai vite été conquise aussi parce que j'aime beaucoup cet acteur belge qui joue le réalisateur : je l'avais vu dans Gaspard se marie, il me touche tant par son jeu que par sa voix et son accent.

Irène D. le 22 décembre 2022

 

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