Stephen Frears, il y a bien longtemps, 
              au vingtième siècle (oups, étions-nous nés 
              ?), avait réalisé "les 
              liaisons dangereuses", avec Glenn Close, John Malkovich, 
              Michelle Pfeiffer, Uma Thurman toute jeunette… Sans l'avoir 
              revu depuis bien longtemps, le souvenir est encore vivace, quelque 
              chose de lumineux dans la forme et sombre dans le fond, quelques 
              scènes qui faisaient légende, comme celle où 
              l'on voyait la marquise de Merteuil vaincue, dans un théâtre, 
              faire front puis partir sous les regards accusateurs… C'était 
              du cinéma flamboyant mais qui osait, qui dérangeait… 
              
              Vingt cinq ans plus tard, Philomena, du même réalisateur, 
              ne dérange rien, ni par son histoire, ni par sa mise en scène. 
              Pour dire la vérité, "Tamara 
              Drewe", en 2010, n'était pas non plus un monument 
              d'inventivité. Il faut donc se résoudre à quelque 
              chose comme une déception, Stephen Frears fait des films 
              pas désagréables, plutôt distrayants, parfois 
              intéressants socialement, politiquement, ou historiquement. 
              Mais le cinéphile reste globalement sur sa faim.
              Philomena est une dame d'un certain âge, ayant un secret sur 
              le cœur, jouée de façon touchante par une actrice 
              qu'on a trop connue pour son rôle de "M" dans la 
              série des James Bond, mais qui se révèle bien 
              plus intéressante par ailleurs ("Chronique 
              d'un scandale", avec Cate Blanchett, par exemple…). 
              Cette dame est aidée par un journaliste à éclaircir 
              ce secret. Mieux vaut ne pas en savoir trop pour goûter à 
              l'histoire, qui comporte quelques rebondissements émouvants, 
              scandaleux ou savoureux. Bien sûr, on est pris par l'enquête, 
              les pointes d'humour sont plutôt les bienvenues, mais le récit 
              est terriblement classique, et sans passion. Les flashbacks sont 
              assez tartignoles, et les personnages secondaires sans intérêt. 
              La question sur le pardon en divisera sûrement plus d'un, 
              le film a le mérite de rester digne et plutôt pudique 
              en ne prenant parti que de façon subliminale.
              Au final, un beau sujet qui méritait peut-être un autre 
              traitement que celui-ci, très factuel. Mais il est vrai qu'il 
              s'agit de l'adaptation d'un livre écrit par un journaliste.