Pauvres Créatures ***

Yórgos Lánthimos

L'histoire

Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Sous sa protection, elle a soif d’apprendre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s'enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. Imperméable aux préjugés de son époque, Bella est résolue à ne rien céder sur les principes d’égalité et de libération.


Avec

Emma Stone, Mark Ruffalo, Willem Dafoe, Ramy Youssef, Jerrod Carmichael, Christopher Abbott, Suzy Bemba

Sorti

le 17 janvier 2024


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Splendeur

 

C'est d'abord une splendeur visuelle, des décors fantastiques, des maquillages horribles et beaux en même temps, des costumes hallucinants, une succession de cadrages qui en mettent plein la vue, une photographie sublime magnifiée par des éclairages irréels… c'en est presque trop ! Et puis, non, on ne va bouder son plaisir, tout cela participe à créer un univers qui fait penser à Caro et Jeunet, Tim Burton ou au Fincher de Benjamin Button mais ces "poor things" surpassent visuellement tout ce qu'on a pu voir précédemment. Attention, ce n'est pas un étalage de guimauve, on est parfois proche de visions à la Jérôme Bosch, des délices effarants, et il faut parfois avoir le cœur bien accroché pour supporter des scènes… tranchantes.
Ces images seraient bien vaines si le réalisateur les avait plaquées gratuitement sur quelques évènements ordinaires. Il n'en est rien. C'est l'histoire d'une émancipation, d'un récit initiatique à plusieurs étages, du destin fou d'une jeune femme dont les secrets de sa résurrection sont déjà un défi à l'entendement. Elle est en quelque sorte fille de Dieu, mais aussi d'elle-même, c'est bien sûr de l'ordre du conte, du récit picaresque, de la légende en mouvement. Le personnage a, de par son origine, de quoi alimenter bien des fantasmes, déployer un imaginaire qui se multiplie, mais cette Bella est aussi entourée d'autres protagonistes hauts en couleurs qui l'accompagnent dans sa folie et sa soif de découvertes, qui pensent pouvoir la guider et peut-être se servir d'elle quand elle finit toujours par aller plus haut, plus loin, gagnant en sérénité, s'épanouissant sans jamais connaître la honte malgré tout ce qui lui arrive. C'est au final un récit formidablement féministe, sans une once d'ennui, une plongée de presque deux heures et demie dans une folie douce et dure à la fois dont on sort en se disant qu'elle aurait pu durer encore plus. Lánthimos tiendrait-il son chef d'œuvre ?

 

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