Paterson

Jim Jarmusch

L'histoire

Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

Avec

Adam Driver, Golshifteh Farahani

Sorti

le 21 décembre 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Mou du palpitant

 

Prenez un chauffeur de bus qui se prénomme comme la ville dont il sillonne les rues avec son véhicule et qui écrit des poèmes sur le quotidien. Genre haïkus, les poèmes. En un peu plus longs, mais dont l'aspect poétique m'échappe. Rajoutez-y sa compagne, jolie comme un cœur (C'est Golshifteh !), artiste dans l'âme, obnubilée par le noir et le blanc et qui a des petits gémissements complètement craquants quand le chauffeur de bus, avant d'aller bosser, lui fait quelques bisous alors qu'elle dort encore. Saupoudrez de quelques vues sur leur chien, une sorte de bouledogue qui passe son temps vautré dans un fauteuil mais adore se promener avec son maître. En accompagnement, quelques scènes dans un bar où tout le monde a l'air un peu endormi. Goûtez. Prenez-en sept fois, autant qu'il y a de jours dans la semaine, et ne vous étonnez pas de la fadeur du mélange. C'est normal, il ne se passe rien ou presque, et chaque jour est un remake du précédent, avec quelques micro changements, quelques micro évènements. Bon, c'est tout de même beaucoup moins pénible que The limits of control, mais très, très nettement moins prenant que Broken flowers. Et comme c'est du Jarmusch et que le bonhomme a de la suite dans les idées, tout cela se ressemble, ce sont des films très structurés, répétitifs, des catalogues de variantes sur un même thème, avec des références musicales, littéraires, cinématographiques. Lorsqu'il s'agit de visiter ses anciennes amantes, cela peut être drôle et touchant (les fleurs cassées); quand la scène répétée à satiété est quasiment abstraite, c'est d'un ennui mortel (les limites du contrôle). Ici, c'est le quotidien, la poésie du bonheur banal qui est à l'honneur. Perso, juste le fait de partager sa vie avec Golshifteh me semble tellement délicieux que j'aurais imaginé un récit un peu plus bouleversant, un peu plus palpitant. C'est d'ailleurs ça qui prédomine, cette mollesse du palpitant.

 

Vos commentaires pour ce film

Dire que ce film est ennuyeux, voudrait dire que la vie des personnages l'est aussi. Et n'est-ce pas le contraire ? Pas une journée ne ressemble à l'autre ...
Et puis c'est rare un film si près de la poésie. Évidemment, en France, on connaît mal ces immenses poètes américains du 20ème. Qui ne travaillaient pas sur le "faire beau", "faire séduisant". Ni non plus, sur le "banal".
Et Jarmusch rend un bel hommage à cela. De même, comme toujours, à l'âme américaine...


Yves V, le 29 décembre 2016

 

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