Où va la nuit

Martin Provost

L'histoire

Parce qu’elle a été trop longtemps victime, Rose Mayer décide de prendre son destin en main et assassine son mari.
Elle part alors à Bruxelles retrouver son fils, qui a fui l’enfer familial depuis des années.

Avec

Yolande Moreau, Pierre Moure, Edith Scob, Laurent Capelluto, Jan Hammenecker, Loïc Pichon

Sorti

le 4 mai 2011

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La sombritude (!) des choses

 

Le film précédent de Martin Provost mettait en lumière un personnage étonnant, Séraphine, et une actrice, Yolande Moreau. C’était une explosion de couleurs, d’impressions, il y avait quelque chose de magique dans cette histoire de transfiguration.
Ici, dans cette nuit qui se demande où elle va, point de lumière, ou pratiquement pas. Même l’éclaircie finale est un crépuscule, le retour à l’obscurité est la seule issue… Tout semble lourd, marqué par le poids du passé, l’atmosphère est particulièrement oppressante, autant du point de vue des éclairages privilégiant les gris et une absence de contrastes, que de l’ambiance sonore : musique minimaliste, peu de dialogues et lorsqu’il y en a, on sent la gêne constante des personnages, leur difficulté à s’exprimer avec sincérité, ils vivent dans la crainte de ce qu’ils vont dire, de ce qu’ils vont entendre.
Même lorsque le personnage joué par Yolande Moreau tente de remonter à la surface, et parvient à s’offrir quelques petits instants qui ressemblent aux débuts timides d’une esquisse de petit plaisir, cela reste marqué par le poids terrible d’une certaine fatalité, d’une évidente culpabilité… On peut être touché, et même bouleversé par cette histoire sombre et fermée, on peut aussi rester sur le bord : la mise en scène ne rend pas la femme attachante, sans doute est-ce voulu mais la distance, nécessaire peut-être, n’aide pas à ressentir ne serait-ce qu'un peu d'empathie pour elle. Les hommes, le mari bien sûr, mais aussi le fils et ses amis n’ont pas non plus ce petit quelque chose qui pourrait créer une identification, même lointaine. Le seul personnage "positif" est celui joué par Edith Scob, comme un ange protecteur et salvateur, un peu mystérieux quant à la nature de ses motivations. Il donne à la dernière partie du film un aspect plus doux, une humanité, enfin. Mais cela vient bien tard, l’impression générale est trop lourde pour être relevée…

 

 

Vos commentaires pour ce film

Un choc ce film. Vraiment. Accroché à l'écran, les mains jointes, le souffle court ... un moment de cinéma fort et dérangeant, assez violent et en même temps fin et pudique ...
Et Yolande Moreau, magistrale ..
Il y est question d'une femme soumise à la violence de son mari, lui-même soumis à son alcoolisme, au poids des évènements passés ...
Et aussi, du courage et de la dignité retrouvée, de la vie qui renaît, par petites touches ... (très belles scènes ces renaissances furtives)
Et aussi, d'un jeune homme qui voit son enfance revenir et brutalement se confronter à son présent, au milieu du gué entre courage et lâcheté
... damned pas facile de dire sans en dire trop ... allez le voir ... si vous n'avez pas une grosse envie de vous marrer ..

thierry D, le 30 mai 2011

 

Envoyez votre commentaire