Séraphine *

Martin Provost

L'histoire

La vie de Séraphine de Senlis, née en 1864, femme de ménage et peintre avant de sombrer dans la folie en 1905.

Avec

Yolande Moreau, Ulrich Tukur, Anne Bennent


Sorti

le 1er octobre 2008

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

L’artiste-actrice


En dehors d’un cercle d’initiés, personne ne connaît cette femme peintre, à la condition plus que modeste, découverte par hasard par un collectionneur. Cette ignorance du public est un atout pour le film : ce ne peut être qu’une découverte, au contraire d’un Van Gogh ou d’un Vermeer. L’autre atout, c’est Yolande Moreau, actrice formidable, capable d’exprimer une multitude de sentiments, passant de l’extase à la douleur, jouant de son corps sans aucun complexe. La performance n’est pas dans le mimétisme avec un personnage réel, comme ont pu le faire Marion Cotillard avec Piaf et Sylvie Testud avec Sagan. Séraphine n’a pas sa place dans la mémoire collective, l’actrice doit donc beaucoup inventer, et sa composition est saisissante, elle n’en fait pas un cliché de l’artiste maudit qui n’appartient à aucune école, elle fait ressentir au contraire une grande complexité, la rendant attachante, exaspérante, ayant avec le divin une relation ambiguë, déconcertante, d’une profonde humanité tout en se coupant la plupart du temps de la compagnie de ses semblables.
Face à une telle personnalité, autant celle de l’actrice que de l’artiste, le réalisateur a l’intelligence de ne pas opposer une mise en scène voyante, à effets : discrète et pourtant sans fadeur, intégrant une vision de la nature très forte mais qui n’imite pas les tableaux de Séraphine. Pas de mouvements de caméra intempestifs, pas de cadrages hallucinants, pas d’explosion de couleurs et cependant une beauté brute, sans joliesse, un romantisme à l’état pur, en quelque sorte, mais qui ne laisserait aucune place au pathos.
Le destin de Séraphine tient le spectateur en haleine jusqu’au bout, et ce malgré l’absence d’histoire d’amour et la relative faiblesse des autres personnages. Un très beau film, dont il serait dommage d’attendre le passage à la télé pour l’apprécier…

 

Pour voir la peinture de Séraphine

   

 

 

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