Chouette, un Jarmusch ! Qui plus
est, avec la fabuleuse Tilda Swinton...
Méfiance quand même avec Jarmusch, il est capable de
pondre quelques splendides moments d'ennui, bourrés de références
très culturelles, comme le très, très pénible
"The limits
of Control".
Jarmush s'intéresse donc aux vampires, ici un peu, beaucoup
dérangés par les vices du temps et leurs à-côtés
franchement désagréables pour qui se nourrit de sang
humain. Le SIDA n'est pas énoncé, mais lorsque l'on
voit que ces suceurs d'hémoglobine ont renoncé à
s'approvisionner en direct chez les créatures de chair et
interceptent des poches de sang humain dans les hôpitaux,
on a compris le message, merci...
C'est donc le quotidien de deux êtres amoureux et qui souhaitent
rester le plus possible à l'écart de toute société.
L'un d'eux est musicien (le quatuor de Schubert, la jeune fille
et la mort, c'est lui ! (et pas Schubert, donc)) et c'est ainsi
l'occasion d'écouter une musique formidablement sombre, lancinante,
répétitive et bien lourde. Cette ambiance sonore est
la principale qualité du film qui par ailleurs se complait
dans une léthargie calculée et qui permet de dérouler
deux heures avec un scénario minimal, se vautrant au passage
dans bon nombre de poncifs absolument pas innovants sur les vampires,
leur vie, et leurs œuvres supposées. Ah, tous des incompris
de génie, métaphores des Artistes avec un grand A
dont la prétention n'a d'égal que leur propension
à agacer avec rien. Heureusement que Tilda Swinton promène
son apparence éthérée, avec une jolie mélancolie
presque joyeuse, elle sauve une partie du film. C'est bien sûr
entrelardé de clins d'œil historiques et culturels,
les musicologues et les lettrés vont pouvoir se pâmer,
ou s'étrangler, c'est selon. Pas tout à fait un monument
d'ennui, mais tout de même environ mille fois moins prenant
que "Down by law" ou "Broken flowers", et finalement
assez laborieux, attendu, manquant d'idées...