Petit
paysan, mais avec sauterelles ? Grillées, les sauterelles,
mais pas toutes. Comme les vaches dans Petit paysan. Elles
sont un danger, ces sauterelles. Un danger mortel. Mais plus dangereuse
encore que les sauterelles, il y a la femme qui les élève.
Qui veut sauver sa petite entreprise. Comme un petit paysan. Prête
à tout. Et comme il y a du Cronenberg dans l'air, quand on
dit "prête à tout", c'est vraiment prête
à tout. Sauf que la femme reste humaine et se pose des centaines
de questions. Cela crée une certaine tension. En vérité,
une tension palpable, évidente, électrique, mais aussi
insidieuse, rampante, révélant quelques aspects bien
sombres de l'humanité qui est en chacun de nous. Pas ou peu
d'effets spéciaux, mais un cadre étouffant, un travail
sur le son angoissant, et surtout deux actrices qui s'affrontent
et s'épaulent en même temps, jouant la mère
éleveuse et sa fille, déterminées, aux réactions
pas vraiment attendues, auprès desquelles les hommes s'écroulent
ou s'effacent. Le film acquière une force étrange
parce qu'il parvient à créer une empathie irraisonnée
pour une sorte de monstre. Est-ce du fantastique ? Est-ce un film
sur la folie ? Sur la détresse paysanne ? Sur la tentation
de céder à ce qui nous dépasse et nous envahit
? Selon d'où vous venez, selon votre parcours et votre névrose,
les réponses ne seront pas les mêmes pour tous les
spectateurs.