Hubert Charuel, le réalisateur,
sait de quoi il parle. Il a grandi dans la ferme de ses parents,
et pour ce film, il a choisi d'y revenir pour poser ses caméras.
L'élevage laitier est donc le décor, l'univers. Pour
un spectateur citadin n'ayant jamais vécu à la campagne,
c'est plutôt exotique, et cela permet d'apprendre tout un
tas de choses, le film n'est pas avare en scènes de la vie
quotidienne au sein d'une ferme à taille humaine. Mais il
n'est pas non plus un documentaire, le réalisateur qui sort
de la FEMIS parvient à installer une tension, un suspense,
c'est un thriller rural, un polar bovin qui pose un certain nombre
de questions en ayant l'intelligence de ne pas apporter de réponses
toutes faites. La situation est celle d'un jeune paysan confronté
à la possibilité d'une épidémie qui
touche son troupeau d'une trentaine de vaches. Il lutte avec ses
propres moyens, pas toujours légaux. Il est question de subventions,
d'indemnités en cas d'abattage de ses vaches mais aussi de
l'attachement entre l'éleveur et ses bêtes. Bien que
le récit patine un peu et perd de sa clarté dans sa
partie finale, le film est formidablement prenant. Il n'y a pas
d'effets de caméras, de montage, de cadrages, toute l'énergie
se trouve dans la façon de raconter une histoire et celle-ci
se montre très efficace, autant dans l'intimité des
personnages que dans l'extrapolation que l'on peut en faire : l'évolution
de l'agriculture en France (et sans doute dans toute l'Europe) touche
le quotidien de chacun, les aliments qu'il consomme, l'air qu'il
respire, la vie future de ses enfants. Petit paysan, grandes interrogations.