Même si Revoir
Paris n'étais pas directement lié aux attentats
du 13 novembre, puisque basé sur une attaque fictive, le
récit nous y ramenait constamment, et était centré
sur les victimes, sur le choc post-traumatique. Novembre affiche
un point de vue très différent, probablement très
documenté, faisant référence au 13 novembre
sans aucune ambiguïté, et entièrement centré
sur l'action de la police dans les cinq jours qui suivent les attentats,
visant à éviter un nouveau drame et à arrêter
les terroristes. Tout le film est ultra tendu, reposant d'une part
sur les acteurs très impliqués, mâchoires serrées,
sans aucun sourire, engagés physiquement et moralement, et
d'autre part sur une mise en scène à l'américaine,
spectaculaire et sans pathos, le tout avec l'objectif de marquer
le spectateur, de l'emporter au cœur de l'enquête en
créant un suspense insoutenable. Le premier souci est que
l'issue est connue, avec l'assaut de Saint Denis, faisant s'écrouler
les tentatives de suspense et/ou de mystère. Le deuxième
souci est que cet aspect formel, très maitrisé, fait
basculer l'ensemble vers un film de divertissement, une sorte de
polar avec scènes attendues (filatures, confrontations, interrogatoires,
fusillades…) et sans doute le souvenir de ces évènements
est-il encore terriblement présent et n'est pas compatible
avec cet "entertainment" à l'américaine.
Le troisième souci, c'est la présence de Dujardin,
pas toujours crédible en super flic : lorsqu'il parle anglais
ou arabe, ou qu'il fait les gros yeux à ses collègues,
ou qu'il s'emporte lors d'un interrogatoire, le côté
OSS 117 n'est vraiment pas loin et ses mimiques pour paraître
concentré, concerné et pétri de douleur, sont
au mieux à côté de la plaque, au pire ridicules.
Ce Novembre n'est sans doute pas le dernier film qui traitera
des attentats, on ne peut qu'espérer pour les prochains un
peu plus de subtilité dans l'approche, dans la construction
du récit, et dans son traitement. Au final, le propos est
bien léger, et la forme bien lourde.