Nos batailles **

Guillaume Senez

L'histoire

Olivier se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Mais du jour au lendemain quand Laura, sa femme, quitte le domicile, il lui faut concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre, car Laura ne revient pas.

Avec

Romain Duris, Laure Calamy, Laetitia Dosch, Lucie Debay, Basile Grunberger, Lena Girard Voss, Dominique Valadié, Sarah Le Picard, Cédric Vieira

Sorti

le 3 octobre 2018


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Simple, complexe et magnifique

 

Ne pas s'arrêter au titre…
Ne pas lire le synopsis, qui peut faire craindre le pire…
Ne pas penser que Duris va encore trimballer son sourire carnassier pour excuser toutes les éventuelles goujateries de celui qu'il interprète… (et d'ailleurs, aucune goujaterie)
Juste se laisser embarquer et faire connaissance avec les personnages, parfaitement crédibles dans tout ce qui est montré à l'écran comme dans tout ce qui reste caché dans les ellipses. Oui, c'est un film "social", qui présente des individus qui se lèvent tôt et sont prêts à se lever encore plus tôt pour conserver leur emploi mais qui n'en peuvent plus, des cadences inhumaines, de la façon dont on les traite et qui parviennent tout de même à en rire (oh, le dérisoire des bonnets de Noël). L'entreprise est nommée, et si le nom est fictif, chacun aura reconnu Amazon, cette championne du non droit social de ses employés.
Et puis, sur ce fond gris terne, dans ce marasme économique, il y a des hommes et des femmes qui font ce qu'ils peuvent, qui ne vivent pas des contes de fées et qui se prennent des beignes, comme une compagne qui se fait la malle, sans doute parce qu'elle n'en peut plus, mais ce n'est pas sûr. Le spectateur est aux côtés de celui qui reste et n'en sait pas plus que lui. Il résiste, il fait face, mais ce n'est pas un héros, juste un homme en plein désarroi. Autour de lui, les équilibres bougent, vacillent, s'écroulent parfois, se reforment différemment, tous sont touchés, des mots fusent et parfois il n'y a plus de mots et avec rien, juste une petite danse des épaules et une chanson populaire un peu cucul mais tout d'un coup magnifique, un frère et une sœur s'étreignent et c'est la plus belle scène de l'année. Enfin, disons une des plus belles, qui fait serrer la gorge. Laetitia Dosch (la sœur) est magnifique, elle est d'une simplicité sublime.
Tout cela est mis en scène avec quelques partis pris sommaires mais tenus avec force, sans affectation : caméra portée pour être au plus près des acteurs, aucune musique (sauf la chanson populaire mais ce sont les personnages qui l'écoutent) pour souligner les scènes, des dialogues pas écrits, tout en impro et ça marche, l'émotion naît d'une hésitation, de quelques mots qui se chevauchent. Après un Keeper plutôt délicat et déjà très crédible autant socialement qu'émotionnellement, mais un peu trop corseté, Guillaume Senez donne beaucoup plus de libertés à ses comédiens tout en leur demandant de jouer avec la complexité des situations simples en apparence. Il en résulte un très beau film. Oubliez le titre, et courez le voir.

 

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