Tiens, un film politique ! Avec
la liberté qui gagne à la fin, ça ne peut faire
que du bien. Même si on connaît la fin, la gorge serrée
est une assurance, devant un épilogue forcément populaire,
avec des scènes de liesse, et un pouvoir dictatorial en déroute.
Sauf que… ça n'est pas tout à fait cela.
Le personnage principal est le publicitaire chargé de la
campagne pour le non au référendum pour ou contre
le maintien de Pinochet au pouvoir, en 1988. Le récit montre
comment le système libéral, "bien" utilisé,
a permis aux opposants du dictateur de l'emporter. C'est bien sûr
très ambigu, amer et pas du tout euphorisant. La Démocratie
vendue comme un produit avec les mêmes arguments que pour
un four micro-ondes ou une série qui passe à la télé,
c'est particulièrement iconoclaste et déstabilisant,
non ?
Le scénario est effectivement très intéressant,
refusant les facilités, montrant les contradictions des personnages,
absolument pas manichéen.
En revanche, la mise en scène est basée sur un parti
pris très contestable : filmées avec des caméras
d'époque, les images sont affreuses, faisant de l'ensemble
un objet bancal, entre le documentaire caméra à l'épaule
et le film d'auteur à grand renfort de prises de vue en contre-jour
et de cadrages décalés. Cet aspect est bien trop voyant
pour qu'on puisse l'oublier et s'intéresser uniquement à
ce qu'il se passe. On peut être gêné d'un bout
à l'autre par la laideur de la photo et le désagrément
causé par les mouvements incessants. Un peu comme un "A
la merveille" avec une vraie histoire, mais à l'esthétique
épouvantable.