C'est le portrait d'une ordure,
un vautour, un authentique misanthrope qui se repait du malheur
des autres pour faire tourner sa petite entreprise de voyeurisme.
Tombé dans cette soupe empoisonnée un peu par hasard,
il se trouve des talents incroyables pour dépasser tous les
autres qui œuvrent dans le même créneau, même
si ses débuts sont plutôt calamiteux. A voir la progression
inexorable qui suit, le spectateur peut se retrouver témoin
effaré de la complaisance de tous ceux qui laissent faire
ou qui encouragent cette activité. Les journalistes de la
chaîne privée à qui il vend ses images ignobles;
les flics qui, d'une certaine façon, laissent faire (jusqu'à
ce que cela leur retombe dessus…); les téléspectateurs
que l'on ne voit pas mais qu'on imagine, rivés aux horreurs
qu'on leur vend, tous sont complices de la réussite de ce
type d'individus sans aucun scrupule, sans aucune valeur humaine.
Et là où le film est très fort, c'est qu'au
bout du compte, nous spectateurs, nous pouvons aussi faire partie
des voyeurs, fascinés par les scènes qui se déroulent,
toujours plus impressionnantes. La virtuosité des dernières
séquences, c'est le double effet technique et moral, on est
d'abord scotché sur son fauteuil par les poursuites en bagnole
et le rythme effréné, puis on est mis KO par la noirceur
du personnage. Et lorsqu'au bout du compte, une femme flic énorme,
métisse (tout cela n'est pas dû au hasard), lui crache
à la gueule toute sa haine, on ne peut qu'applaudir mais
la façon dont il répond et dont il sort innocent de
toute l'affaire, c'est du grand art. Un authentique salaud de cinéma,
ça ne peut que faire un bon film, terrible, effroyable, désespérant.