C'est une toute
petite ville de province (en bord de mer, mais cela pourrait être
n'importe où), comme il y en a des centaines, en France ou
ailleurs, ni très jolie, ni affreuse, sans l'agitation des
métropoles, gentiment et légèrement déprimante,
un de ces endroits où, comme il est dit dans le film (à
moins que ça ne soit dans le court métrage projeté
en complément), lorsqu'un garçon trouve une fille pas
trop mal, il essaye de la garder. Ceux qui sont encore seuls à
trente ans ont de fortes chances de le rester…
C'est le cas de Sylvain, célibataire absolument pas endurci,
mal dans sa peau, gentil jusqu'à la guimauve, à première
vue dépourvu de tout charme. À première vue seulement.
Arrivent dans cet endroit et dans la vie de Sylvain une femme et sa
fille, venues passer quelques jours de vacances pas chères.
La mère est pétulante, parle plus qu'elle ne réfléchit,
se laisse aller à ses envies, ses désirs, tandis que
la fille au visage d'ange, plus adulte, paraît plus mesurée,
observe sa mère et sa façon de se comporter avec les
hommes…
Le jeu des sentiments, du désir et du manque se décline
comme dans un Rohmer, en plus naturel, plus proche de la vraie vie,
avec des personnages qui paraissent formidablement vivants, parce
qu'on en connaît tous des semblables. Il y a quelque chose aussi,
dans l'ambiance et la description des milieux sociaux, qui fait penser
à l'excellent "Angèle
et Tony". On en sort le cœur ensoleillé, et un
peu mélancolique, aussi. C'est drôle, bien joué,
beaucoup plus fin qu'il n'y paraît, et cela laisse transparaître
pas mal d'impressions sur la solitude sentimentale, la difficulté
de s'engager, d'aimer, de vivre tout simplement.
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