C'est étrange, dans ce
voyage et sa préparation qui le précède, il
y a un petit quelque chose de "Comme
un avion", version adolescente donc un peu plus potache,
toute aussi fraiche et parfois très triviale : Théo,
dit Gasoil, appelle un chat un chat, et Daniel, dit Microbe, a des
candeurs enfantines qui le font parfois aller droit au but.
Ces deux-là, dans un espace-temps qui leur est propre, sont
certes sortis de l'enfance mais ils en ont gardé un certain
émerveillement, une faculté de récupération
incroyable et la croyance que tout est possible. Ils ne sont pas
encore rentrés dans l'âge adulte non plus, mais leur
raisonnement, leur sérieux et leur opiniâtreté
sont les marques d'une maturité bien plus affirmée
que celle que l'on pourrait prêter à leurs quatorze
ans… Adolescents ? Sans doute, mais sans les clichés,
puisque sans téléphone portable, sans jeux vidéo,
sans baskets stylées mais avec un langage très élaboré…
Ainsi posés, ces deux personnages hors normes regardent le
monde qui les entoure avec parfois une lucidité terrible,
avec parfois une innocence désarmante. Leurs familles, leurs
copains de classe, et ceux qu'ils rencontrent lors de leur périple
sont tous montrés comme des briseurs de rêves et le
film, sous son apparence plutôt joyeuse et débridée,
a, par ses personnages secondaires, une noirceur sous-jacente. C'est
une ode à la liberté, au libre-arbitre, à la
pensée créatrice mais il y a aussi de la mélancolie
et du désenchantement.
Un petit Gondry par les moyens mais finalement plus profond qu'il
n'en a l'air…