Comme un avion **

Bruno Podalydès

L'histoire

Michel, la cinquantaine, est passionné depuis toujours par les avions. Un jour, il tombe en arrêt devant des photos de kayak qui lui font penser à un avion. C'est le coup de foudre. Il achète un kayak et part sur une jolie rivière.

Avec

Bruno Podalydès, Agnès Jaoui, Sandrine Kiberlain, Vimala Pons, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Jean-Noël Brouté

Sorti

le 10 juin 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Rêve éveillé

 

Soit un citadin banal, la cinquantaine toute neuve, pas vraiment malheureux, ni fondamentalement révolté, juste un peu las de son existence, presque sans le savoir. Trop de routine, des rêves envolés, un boulot pas désagréable mais pas enthousiasmant non plus, une femme certes merveilleuse, avec qui l'échange fonctionne encore mais au fond, quelque chose a changé, le désir s'est sans doute émoussé… On pourrait imaginer Jean-Pierre Bacri dans ce rôle-là, ou Alain Chabat, ou bien encore Edouard Baer. Ce n'est aucun de ceux-ci, c'est Bruno Podalydès, le moins médiatique des frères, celui qui réalise et met Denis en scène, le plus souvent. Là, il joue lui-même le personnage qu'il a écrit. Il est formidable, parce qu'il ne fait pas le blasé, ni le déprimé, ni le dédaigneux, il y a quelque chose d'enfantin en lui, une douceur étonnée devant les surprises de la vie. Une sorte d'enthousiasme serein, mais pas exempt d'inquiétude et de caractère. Il ne sait sans doute pas tout à fait ce qu'il veut, mais il a des idées sur ce qu'il ne veut pas. Il se laisse un peu aller par ce qu'il a déclenché, sans forcer, sans refuser les aléas et les imprévus. Beaucoup rêveraient d'être dans cet état de disponibilité, et c'est pourquoi le personnage est touchant, et nous semble très proche.
Le citadin ainsi décrit (et c'est ce que montre toute la première partie, avec Kiberlain dans le rôle de la femme qui observe son drôle de mari avec un regard mi étonné, mi amusé, mais jamais jugeant) se découvre une passion un peu par hasard, au détour d'un jeu de mots. C'est le kayak, mais on se dit que cela aurait pu être tout autre chose, le parachutisme, le golf, le trekking ou la pêche… et puis non, le kayak ne lui est pas tombé dessus par hasard, c'est exactement cela qu'il lui fallait. Mais pas sur des rivières qui dévalent les pentes, pas avec un casque et une souplesse de jeune homme. Pas vraiment, et même pas du tout. Le kayak, c'est pour la beauté de l'objet, la pureté des lignes. Et le terrain pour le pratiquer, c'est une rivière presque secrète, un coulis d'eau, un tunnel vert, une splendeur délicate absolument pas spectaculaire, mais sacrément dépaysante.
La suite est délectable, le voyage n'est pas celui qui était prévu, tout s'emballe et s'enlise en même temps, c'est comme un rêve éveillé, un léger cauchemar parfois, et un émerveillement par d'autres aspects. Les rencontres sont étonnantes, pas stupéfiantes, nous ne sommes pas dans le domaine du surnaturel, mais cela frôle l'onirisme, plonge dans le lâcher prise, donne une impression de liberté absolue par rapport aux codes, le récit divague, s'aventure sans se noyer. Certains personnages sont dessinés à gros traits (Brouté et Vuillermoz), la jeune femme (Vimala Pons) manque de charisme, mais on s'en moque, ce rêve en vrai ressemble à la vie, et la vie n'est pas sans faiblesses. Le film tient ses promesses, il fait décoller, sans artifices, avec juste un peu de folie.

Vos commentaires pour ce film

Quand un amoureux de l'Aéropostale se retrouve passionné de kayak, cela nous donne un film que j'adore.
Poétique, tendre, subtil, voire érotique, il y a même du comique répétition avec Pierre A.
De très bons acteurs mené par un Bruno Podalydès se situant entre Chabat et Baer.
La bande son nous rappelle de bonnes chansons françaises (le son était un peu trop fort dans la salle).
Bref un doux moment de jubilation.


Kosmo, le 12 juin 2015

 

J'avais envie d'aller le voir celui là ! J'ai regardé la bande annonce 14 fois avant. Une gourmandise en perspective. De la finesse, un peu de dérision de nous, de l'humour ...
Et bien, même pas déçu.
La banane presque tout de temps. Une immense tendresse qui se dégage, une humanité.
C'est un conte. Partir mais tout emporter. Tromper mais pas trahir (subtilité exprimée par Bruno Podalydès lui-même dans une émission sur inter. Il est fort !). Etre libre, un peu.
C'est charmant et subtil.


Thierry D, le 6 juillet 2015

 

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