Après le gang des postiches, puis Spaggiari, voici donc le
plus célèbre des ennemis publics, comme on disait à
l’époque. Il y a presque de la nostalgie à évoquer
ce gangster hors normes, qui met en évidence comme un manque
actuel : qui serait, en 2008, l’ennemi public n° 1 ? (à
part le fou furieux qui sévit à l’Elysée,
mais on ne jouerait pas dans le même registre)
A l’attente de la première des deux parties (la
seconde sort le 19 novembre), se penchant sur les débuts
du personnage, on pouvait espérer en savoir plus sur les origines,
les causes, quelques explications sur ce déchaînement
de violence et de déni des lois. Les quelques pistes abordées
paraissent bien faibles : un passé quelque peu trouble pendant
la guerre d’Algérie, un père montré comme
faible et soumis (mais pas socialement défavorisé),
une relation ambiguë avec les femmes, mêlant protection
et domination… Tout cela n’éclaire pas beaucoup
la personnalité de Mesrine. Le contexte politique et social
de l’époque n’est pas non plus mis en valeur. Bien
sûr, il n’est pas ignoré, mais il ne révèle
rien qui soit déterminant. On a vu d’autres films abordant
les "trente glorieuses" bien plus pertinents sur le sentiment
d’exclusion que ces années ont pu générer.
Ce refus (ou cette faiblesse) d’explications fait que l’ensemble
n’a rien de démonstratif, il montre des faits, un point
c’est tout, sans jugement, sans prise de positions. Finalement,
c’est assez banal, par les temps qui courent…
Cette neutralité de point de vue, qu’elle soit voulue
ou non, rend le récit un peu monotone, attendu, sans véritable
frisson. On voit Mesrine avec sa femme, avec ses parents, avec ses
amis, ses ennemis… Mesrine au travail, Mesrine braque une banque,
Mesrine en cavale, Mesrine à la plage, Mesrine en prison…
Comme une succession de passages obligés, on se croirait parfois
dans un feuilleton en raccourci. Bien sûr, ce n’est pas
inintéressant, on y apprend même quelques vérités
(un peu) surprenantes ; et puis il y a du rythme, l’interprétation
est très honnête, le récit ne manque pas de clarté,
mais au vu de la personnalité du bonhomme et surtout de la
passion qu’il a suscitée, cette première partie
est décevante. Il faudra attendre la seconde pour se faire
une idée définitive…