Après la petite déception de la première
partie, la question était de savoir si enfin le propos
allait s’élargir, soit d’un point de vue économique
et social, voir politique (comment un truand qui s’en prenait
ouvertement aux symboles les plus évidents de la société
de consommation avait pu devenir, d’une certaine façon,
si populaire), soit d’un point de vue psychologique (comment
un homme parvenait à vivre avec la conscience que la mort pouvait
l’attraper à tout moment).
Sur le pan de la destinée, de l’attente de la grande
faucheuse, la possibilité de faire de Mesrine un vrai personnage
de tragédie n’est absolument pas exploitée. Même
si dans la réalité, l’homme n’avait pas
cette conscience-là, Jean-François Richet aurait pu
extrapoler, et tisser un récit légendaire. Le choix
est différent : rien que les faits, sans intentions sous-jacentes.
Pour ce qui est du contexte historique, la fin des trente glorieuses,
la montée progressive de la crise et le côté positivement
subversif du braqueur de banques, on reste aussi sur sa faim : le
parcours de l’ennemi public n° 1 est traité comme
une succession de coups d’éclats qui tirent plus sur
la corde de la comédie qu’autre chose. Cet aspect du
personnage, le hâbleur séducteur et complice ne voulant
rien de moins que de vivre de façon énorme, est plutôt
nouveau dans cette deuxième partie, et le rend presque sympathique,
mais sans profondeur d’analyse de ses gestes : son alliance
avec l’activiste de gauche Charly Bauer pointe la superficialité
de son discours : ce dernier lui reproche de ne pas détruire
le système, mais au contraire de le servir, lorsqu’il
achète des voitures de luxe ou des bijoux pour sa compagne.
Le film est globalement plus réussi que le premier, plus plaisant
avec un sens du récit plus affirmé, mais n’est
pas plus intéressant, manquant cruellement de fond.
Côté interprétation, on sent Cassel plus à
son aise dans ce rôle d’ennemi-amuseur-animateur, Ludivine
Sagnier apporte plus de sensualité et de mystère que
Cécile de France, Gérard Lanvin est proche du ridicule
avec son accent marseillais mal imité , on se demande toujours
ce qu’on peut trouver comme qualités d’acteur à
Samuel Le Bihan et Amalric est dix fois plus convaincant ici en truand
stressé qu’en méchant dans James Bond.