C'est un drôle de mélange,
entre un reportage sur une chaîne commerciale sur la dure
vie d'un médecin dans une zone rurale et la chronique intimiste
et délicate de la naissance d'une relation (amicale, amoureuse,
ou juste professionnelle ?) entre deux solitaires. Les deux aspects
du récit ont leurs propres facilités, clichés,
raccourcis mais aussi leurs instants de grâce. Les visites
chez les patients paraissent parfois répétitives et
un peu téléphonées, mais sur la longueur, elles
installent le portrait d'une population désemparée,
un peu abandonnée par les cercles familiaux, par le lien
social, par une administration de plus en lointaine. Le médecin
apporte une certaine humanité, il joue le rôle du curé
d'antan, du psy, de l'assistante sociale… c'est bien sûr
un peu convenu, mais c'est sans doute en grande partie, vrai. Dans
le même temps, l'histoire des deux personnages passe par des
étapes prévisibles, défiance, rapprochement,
respect mutuel, brouille passagère, retrouvailles, mais s'écarte
aussi très largement d'une traditionnelle comédie
romantique et on finit par s'attacher à ces deux-là,
par leur singularité autant que par leur universalité.
L'impression finale est celle d'un film modeste et pourtant profond
dans ce qu'il montre. Thomas Lilti, auteur de l'excellent Hippocrate,
n'est certes pas un cinéaste novateur, ses films semblent
sincères, au moins pour ceux qui n'exercent pas de profession
médicale. Il serait intéressant d'avoir le point de
vue de médecins sur ce qu'il laisse supposer…
