Après "Party
Girl", voici une autre production à mi-chemin entre
la fiction et le documentaire, avec encore les mêmes interrogations
sur la crédibilité de l'entreprise, quelle est la
part du réel, celle de l'invention… Il est encore question
de personnages en marge de la société, de la famille
qui tient un rôle majeur, de la nuit où tout se passe.
Beaucoup de ressemblances et beaucoup de différences, aussi.
Si dans "Party Girl", les femmes étaient au centre
du récit, ici elles sont comme effacées, reléguées
en arrière-plan. C'est un film d'hommes, avec bagnoles vrombissantes,
défis lancés et relevés, amitiés viriles
ou honneur des fratries, testostérone à tous les plans…
Mais c'est aussi un film d'abrutis complets, de décérébrés,
incapables d'aligner trois mots sans y rajouter "tes morts",
ou "mes morts", sorte de ponctuation ou plutôt de
bouche-trou, pour combler un discours vide de sens. Que la religion
puisse essaimer dans ce milieu n'est pas vraiment une surprise…
Les décisions prises par les quatre personnages partis s'approprier
illégalement une cargaison de cuivre (chouraver, quoi…)
les mènent droit dans le mur, et leur obstination à
toujours choisir le mauvais chemin peut parfois prêter à
rire. Le plus costaud d'entre eux, Fred, est particulièrement
gratiné, sorte de brute épaisse au regard bovin, sans
une once de bon sens. C'est évidemment un personnage de cinéma
qui crève l'écran, bloc d'énergie pure, mais
comme ceux qui l'entourent sont aussi bas de plafond et seulement
un peu moins volumineux, l'ensemble finit par manquer de contraste.
Une ordure dans une poubelle, c'est assez banal. Et l'on n'en sort
jamais.
Pour ce qui est de la mise en scène, il n'y a rien à
redire, c'est rythmé, percutant, monté au cordeau,
on se croirait dans un polar bien sombre et bien crasseux. Mais
ce qui est montré est tellement univoque qu'on se désintéresse
progressivement du destin des personnages.
Mange tes morts si tu veux, mais vomis-les plus loin…
(oui, bon, c'est un peu provo, mais l'enthousiasme pour ce film
des critiques des journaux dits intellectuels me met un peu mal
à l'aise…)