Ce que l'on voit à l'écran,
c'est Angélique, un personnage de cinéma dans une
fiction, avec une mise en scène, des dialogues et le suspense
(mariage, ou pas ?) qui va avec… et c'est aussi une drôle
de chose, pas exactement reportage, mais qui a certainement à
voir avec le film de famille. Angélique s'appelle Angélique
dans la réalité, travaille dans un cabaret, ce qui
est montré de son existence ressemble trait pour trait à
son quotidien (c'est ce qui est dit dans le dossier de presse),
ses enfants dans le film sont ses enfants dans la vraie vie, même
le mariage n'a rien d'une invention, c'est même le point de
départ de l'envie de faire un film pour l'un des trois réalisateurs
(Samuel Theis, le propre fils d'Angélique).
Le "monde de la nuit", comme il est dit pudiquement, est
plutôt bien filmé, propice à des situations
tendues ou rêveuses, tout à fait cinématographiques.
Rajoutez à cela des retrouvailles familiales bien émouvantes,
on a là tous les ingrédients pour concocter un beau
grand film. Mais (et ce "mais" clignote comme un phare
en pleine tempête) un sentiment de gêne grandissant
empêche de se laisser aller et finit par mener à la
défiance, au bord du dégoût. Cette gêne
vient de cet entre-deux, pas une fiction, pas un documentaire, tout
est permis sans l'être vraiment, il y a du voyeurisme, quelque
chose comme de la télé-réalité…
tout devrait être naturel et spontané, mais les dialogues
sont poussifs, tout semble joué, pas sur-joué, un
peu sous-joué comme si les réalisateurs disaient aux
"acteurs" de ne pas en faire trop, mais bien sûr
si une larme vient à couler, elle est bien montrée,
jusqu'au malaise. Cynthia, la plus jeune fille d'Angélique,
pleure beaucoup, mais son trouble est-il feint ou réel, impossible
à savoir. Quoi qu'il en soit, cette émotion ne passe
pas, elle reste coincée quelque part entre la vérité
des sentiments et un mauvais jeu d'acteur.
Il reste la musique,
des extraits de "Party girl" du groupe "Chinawoman",
vraiment troublante, allant parfaitement avec les images nocturnes.
C'est déjà ça.