J'ai un souci avec Ryusuke Hamaguchi.
Drive my car
m'avait laissé plutôt froid, alors que l'ensemble des
critiques tendait vers le dithyrambique. Ce nouveau film du réalisateur
japonais, au titre qui résonne comme une sentence, creuse
encore plus profondément dans les soubassements de l'ennui
et rajoute une part d'absurdité dans son issue, histoire
probablement de perdre le spectateur afin que celui-ci s'extasie
devant tant d'audace.
Le récit ne commence qu'au bout d'une demi heure, avec une
réunion de villageois venus écouter deux citadins
qui leur présentent, plutôt malgré eux, un projet
de camping luxueux. Le dit projet est bien sûr mal accepté
par les villageois, qui y voient comme conséquences, une
dégradation de l'environnement et donc de leurs conditions
de vie. Avant cette confrontation, certes intéressante mais
filmée à la truelle, il y a une demi-heure qui en
paraît cinquante pendant laquelle il est tout à fait
possible de faire une petite sieste, puisqu'il ne se passe... rien,
ou presque : un homme coupe du bois et rempli des bidons d'eau.
J'aime la contemplation et la répétition qui peuvent
agir comme une hypnose, mais là, c'est raté. C'est
soit l'agacement assuré, soit le sommeil profond. Soit, et
c'est encore pire, l'envie de lutter contre l'endormissement au
cas où il se passe quelque chose.
A la suite de la réunion d'exposition du projet de camping,
on suit une poignée de personnages, qui vont s'affronter,
tenter des conciliations, échanger... l'un des citadins trimballe
avec lui l'imaginaire et les clichés de la campagne vue de
la ville, l'homme qu'on a vu couper du bois au début (et
qui recommencera un peu plus tard, ne vous inquiétez pas
si vous avez loupé l'habileté du geste, vous aurez
l'occasion d'y revenir) est bougon mais plein de bon sens paysan.
C'est moins ennuyeux que la première demi heure, mais tout
aussi affligeant en terme de récit. Puis, beaucoup plus tard,
il y a le générique de fin qui vous tombe dessus alors
qu'il vient juste de se passer un événement parfaitement
incompréhensible. On n'a donc rien saisi, mais on est soulagé
que cela se termine.
Au point de vue de l'emballage cadeau, il y a des coupes abruptes
dans le montage, des bouts de musique un peu purée de sons,
qui sont parfois interrompus brutalement sans qu'on y voit une raison
quelconque, une photo assez fade qui ne met rien en valeur, ni les
personnages, ni la nature.
Il y a sans doute un sens caché dans tout cela, voir plusieurs.
Lorsqu'on n'y accède pas, le film peut se révéler
horripilant.