Magic in the moonlight

Le cru 2014 de la production Woody Allen est plutôt gouleyant, à déguster immédiatement, sans acidité aucune (ou presque). Les robes des années 20 sont absolument délicieuses, la côte d'Azur uniquement peuplée de riches anglophones (c'est très chic) sort tout droit d'un album de clichés surannés mais très agréables à l'œil, l'oisiveté règne, ça sent à plein le nez le film de vacances. Cela pourrait être parfaitement inoffensif, complètement insignifiant, mais Woody Allen, après quelques ratés, semble avoir retrouvé un goût pour l'écriture. Son film précédent, "Blue Jasmine" était un terrible et magnifique portrait de femme en pleine déconfiture sociale et sentimentale, acide et tranchant. Cette "magie dans la lumière lunaire" ne présente pas du tout les mêmes saveurs. On peut suivre le film avec un léger sourire un peu béat d'un bout à l'autre et se délecter de ce jeu de dupes que le réalisateur choisit, in fine, de ne pas noircir. Ce sont les années 20, les années folles, insouciantes, légères mais pas sans consistance : certaines scènes, particulièrement celles où intervient la tante jouée par Eileen Atkins, sont tout simplement virtuoses, de par l'écriture et le jeu des acteurs : une vraie leçon pour apprendre à dire exactement le contraire de ce qu'on a à l'esprit tout en faisant comprendre à l'autre le fond de sa pensée…et le tout avec une grande finesse, chapeau !
Cette comédie ne s'embarrasse pas de digressions, elle va droit au but, elle déroule son récit en alternant les vraies surprises et les choses attendues, c'est un cinéma en mode "fauteuil en cuir", confortable, aucunement troublant, sans effet déstabilisant. Mais parfois, cela fait du bien…