Dans la famille "films dans
la jungle", il y a la branche "aventuriers (plus ou moins)
fêlés". Aguirre, par exemple. Mais pourra-t-on
un jour faire mieux que le chef d'œuvre de Werner Herzog ?
Pas sûr… en tous cas, le dernier né, cette cité
perdue appelée Z, rame sérieusement pour ne pas sombrer
dans l'ennui, sans y parvenir. L'explorateur, Percy
Fawcett, a réellement existé et a fini par se
perdre en Amazonie lors de sa troisième expédition.
Ce dernier voyage le mène probablement sur la pente dangereuse
de la folie, de surcroit avec son fils. Les images (fantasmées
? imaginaires ? hypothétiques ?) de ce qui a pu lui arriver
en fin de compte donnent une idée de ce qu'aurait pu être
une œuvre moins proche d'un essai laborieux de reconstitution
historique, si le récit s'était presque exclusivement
consacré à sa disparition et aux instants l'ayant
précédée. Au lieu de cela, le spectateur doit
subir les deux premières expéditions, entrecoupées
de retours dans sa famille, avec également l'option "première
guerre mondiale" assez pénible et hors sujet. Il y a
quelques aberrations, comme ces bateaux qui descendent le courant
pour trouver la source du fleuve (trouvez l'erreur… niveau
CM2), ou bien ce boulet dont on se débarrasse en l'envoyant
à travers la jungle rejoindre un village (?) avec "le
dernier de nos chevaux" alors que de chevaux, on n'en avait
point vu jusqu'à maintenant le moindre crin. Mais encore
plus que ces erreurs manifestes, c'est bien la façon dont
tout cela est raconté qui plombe le film. Tout est attendu,
prévisible, les Indiens pas contents, la maladie, les piranhas,
l'obstination du héros, la jungle touffue, tout cela arrive
et donne l'impression d'avoir été déjà
vu, déjà filmé, en cent fois mieux. Les Indiens
lancent des flèches et poussent quelques cris, les explorateurs
ont quelques cloques sur la peau et l'un d'eux l'y laisse même
là-bas (sa peau), nourrissant la faune aquatique locale,
Percy Fawcett avance quoiqu'il puisse se passer sans que l'on comprenne
pourquoi les autres le suivent, au vu de son charisme de moule d'eau
douce, et la forêt tropicale ne fait même pas peur.
Près de deux heures et demie sans un seul lever de sourcil
épaté, c'est long. Dans la catégorie "films
de jungle", en beaucoup plus court, plus drôle et sacrément
plus impressionnant, il y a Kong
: Skull Island, tiré d'une histoire pas vraie du
tout mais cinématographiquement beaucoup plus réussi
!