Dans la lignée du film
de famille à la française, entre Sautet et Klapisch,
plus léger et moins amer que Sautet, et moins drôle
et plus profond que Klapisch (quoique, pas très loin de Ce
qui nous lie) mais très, très loin de Desplechin,
cette fratrie filmée ne fait de mal à personne, elle
parvient à raconter en même temps deux histoires de
comédies romantiques, des brouilles et réconciliations
familiales à la pelle, un drame social (léger, le
drame), des secrets (vous en connaissez, vous, des familles sans
secrets ?) et plein de petites blagounettes, comme la machine à
prédire des lunettes couleur petit pois ou un type qui ne
pouvait plus supporter sa femme mais qui une fois veuf se rend sur
sa tombe tous les jours… Foenkinos est passé par là
(au scénario), et forcément, on retrouve son goût
des mini digressions poétiques.
Tout le monde joue très bien, il n'y a aucun vrai méchant,
tout le monde est plutôt charmant, et bien sûr ceux
qui manquent d'un peu d'attention envers leurs proches vont changer
(en mieux), des enfants feront leur apparition et seront des lumières
dans la grisaille de l'existence, et tout ça fait plutôt
du bien même si tous ces petits et grands bonheurs finissent
par ne plus être très crédibles (à vrai
dire, pas du tout crédibles, mais on s'en fout, hein, c'est
du cinéma).
Un spectateur amateur de poivre aurait bien vu la jeune épouse
de Jean-Paul Rouve tomber sous le charme de Ramzy le bel amoureux
de Ludivine Sagnier, et les deux abandonnés se retrouver
à pleurer, pour de bon, cette fois-ci, sur la tombe de leur
frère qui se serait fait écraser par l'un des immeubles
qu'il fait exploser. Mais non, ce n'est ni du boulevard, ni une
tragédie, c'est un gentil film dans lequel on peut aimer
se laisser aller, comme dans un fauteuil hyper moelleux.