Soit, d'un côté,
un Freddy Mercury planétaire à l'immense personnalité
dans un film
aux scènes surchargées de couleurs qui ne parviennent
pas à pallier la mise en scène et l'organisation du
récit sages comme des (jolies) images, et de l'autre, une
poignée de musiciens plus ou moins obscurs, tentant de faire
du rock dans la Russie (l'URSS) du début des années
80, filmés en noir et blanc dans une réalisation flamboyante,
incroyablement inventive, passant de la réalité (enfin,
l'une des réalités possibles) au fantasme, à
la vie rêvée orchestrée par un personnage improbable
(conteur, cameraman, gardien de la mémoire, inventeur d'histoires
parce que le réel est trop terne) intervenant dans le champ,
un double du réalisateur ? A l'arrivée, ce Leto
se révèle sacrément gonflé, parlant
un langage universel malgré son contexte fermé et
enfermant. Les trois personnages s'aiment, se détestent parfois,
ne peuvent pas se passer les uns des autres, rêvent d'un ailleurs
comme beaucoup dans le Monde, picolent, tentent de faire évoluer
leur existence, résistent à leur façon à
la répression. Bien sûr, le film ne parle pas de politique,
ne remet pas en cause ouvertement le régime, passé
ou actuel, mais ce n'est pas par hasard que le réalisateur
se retrouve assigné à résidence. Sa liberté
de ton ne passe pas dans le pays de Poutine.
La caméra reste très souvent au cœur des échanges,
il y a énormément de vie à l'écran,
de sensualité, de poésie. Et même si la musique
est ce qu'elle est, de la pop-rock qui peut ne pas toucher tout
un chacun, le film emporte, d'une façon formidablement singulière.