Laurence Anyways **

Xavier Dolan

L'histoire

Le jour de son trentième anniversaire, Laurence, qui est très amoureux de Fred, révèle à celle-ci son désir de devenir une femme.

Avec

Melvil Poupaud, Suzanne Clément, Nathalie Baye, Monia Chokri

Sorti

le 18 juillet 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Pur talent

 

Xavier Dolan, vingt-trois ans, toutes ses dents et on n'a pas fini de clamer son talent... La preuve en est l'avalanche de critiques sur son œuvre. Si certains le trouvent génial, d'autres lui reprochent son enrobage formel, son trop plein d'images, de couleurs, de sons, d'idées... par ces temps de vaches maigres de véritables auteurs de cinéma, un Dolan fait un bien fou. On peut même lire ici ou là, Dolan fait du Dolan, il ne sait faire que ça. Et c'est tant mieux, c'est bien ce qui fait la marque d'un véritable artiste : reprochait-on à Fellini de faire du Fellini ?
Son dernier film, sur un homme avec un prénom de fille vivant une histoire d'amour avec une fille qui porte un prénom de garçon, confirme sa créativité bouillonnante : il n'y a pas une image qui ne soit travaillée, éclairée de façon inédite, ou redécoupée selon des pointillés qui vous font écarquiller les yeux, montée pour provoquer la surprise (et comme par hasard, c’est aussi Dolan qui s’occupe du montage ; en plus d’être doué, il est également hyperactif, le bougre !) Impossible de s'ennuyer devant un film pareil. On peut être troublé, agacé, choqué, exaspéré, mais ennuyé, jamais. Les deux heures trente passent, chaotiques, démesurées, trépidantes, hallucinées, et à la fin on en redemande...
Sa première œuvre, "J’ai tué ma mère" ne pouvait se passer du réalisateur en tant que comédien, il jouait le fils parce que c’était une manière de raconter sa propre histoire. Dans son deuxième film, "Les amours imaginaires", il était encore des deux côtés de la caméra, son personnage lui ressemblant encore sans doute un peu, beaucoup… Ce troisième opus est pour lui le premier où il n’est que le réalisateur. Cela lui permet probablement de donner plus de profondeur à son sujet, de s’y consacrer pleinement, et parfois, c’est complètement hypnotisant, même si on se sent un peu étranger à la thématique : le changement de sexe, ça peut ne pas passionner tout le monde. Et pourtant, Dolan y met tellement de conviction qu’on a l’impression que c’est le problème du siècle. Peut être aussi parce qu’au delà du transgenre, le film aborde simplement les relations de couple, l’amour à l’épreuve du temps et de l’égocentrisme d’une de ses composantes. Laurence, le personnage joué par Melvil Poupaud, de par son histoire familiale et son parcours, ne peut sans doute pas faire autrement que d’imposer son choix à ses proches, en premier lieu sa compagne. Le fait qu’il imagine qu’elle va l’accepter et que leur relation perdurera ne le rend pas très sympathique (mais le film ne cherche pas l’empathie du spectateur, il montre, c’est tout…), Laurence est donc, parfois, insupportable. Suzanne Clément joue la compagne, et tout comme l’était Monia Chokri dans "les amours imaginaires", elle est magnifique d’humanité, aimante, pleine de doute, dévoreuse de vie, fragile et forte. L’actrice y est pour beaucoup, s’investissant dans le rôle de façon incroyable, mais Xavier Dolan est certainement aussi initiateur de cet état de grâce, il sait filmer les actrices, et leur offre des personnages formidablement crédibles, bien plus émouvants que leurs homologues masculins…
Xavier Dolan, vingt-trois ans, trois films, trois bijoux, vivement le prochain ! C’est un vrai bonheur de cinéphile que de connaître l’éclosion d’un grand metteur en scène…

Vos commentaires pour ce film

J'avais adoré les amours imaginaires mais je suis restée en dehors de Laurence anyways. J'ai trouvé le sujet beaucoup trop particulier, je ne me suis pas sentie concernée. Les images sont très belles, la musique trop bien mais voilà, pas séduite.

Laetitia J, le 6 décembre 2012

 

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