Comment faire une suite à
la hauteur du Joker
hallucinant d'il y a… cinq ans ! Cinq ans ! Jamais je n'aurais
dit autant. Dans le film très surprenant de Todd Phillips
qui racontait la naissance d'un monstre et laissait la ville dans
un état de chaos total, il y avait tellement de choses et
surtout un message sans appel sur le Monde comme il va si mal. Ici,
dans cette folie à deux, le personnage est considérablement
affaibli et c'est tout le film qui perd de sa force. Trois parties
imbriquées, trois éléments de récit
qui se répondent mais qui donnent une structure un peu trop
classique à l'ensemble, beaucoup trop sage.
Le procès d'abord, qui prend une place énorme, avec
avocats, juge, témoins et toute la panoplie : pas de vraies
surprises, c'est un procès, comme on a déjà
vu mille fois au cinéma. Ça n'est pas mal fait, mais
ça n'est pas ce qu'on attend, la démesure, la folie,
une horreur jouissive…
L'histoire d'amour, ensuite, jamais vraiment émouvante, attendue
dans ses rebondissements, c'est une comédie romantique d'une
certaine manière et malgré la singularité charmeuse
de Lady Gaga, elle est calquée sur les romances hollywoodiennes
d'hier et d'aujourd'hui, alors que l'on souhaiterait de la quatrième
dimension, quelque chose de douloureux et d'extatique.
Enfin, l'histoire du personnage principal et son évolution,
entre Arthur Fleck et le Joker, qui fait des allers retours entre
le pauvre type et le Diable. Mais la fin du premier film nous avait
laissé au delà de cette dichotomie, Arthur n'existait
plus, et le Joker avait été assimilé par la
foule, la suite ne pouvait être qu'une sorte de fin du monde
ou au moins une Révolution complète de la société.
Au lieu de cela, on a le droit à un méli-mélo
plus mélo qu'autre chose. C'est indigne du chef d'œuvre
d'il y a cinq ans.