Joker ***

Todd Phillips

L'histoire

Arthur Fleck souffre d'un handicap, il ne contrôle pas ses fous-rires. Méprisé par la société, il se révolte un jour et bascule dans la folie. Le Joker est né.

Avec

Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz, Frances Conroy, Brett Cullen

Sorti

le 9 octobre 2019


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La terrible perfection

 

Oh, quelle claque ! Quel incroyable condensé de cinéma ! Tout est énorme, inouï, spectaculaire... C'est la genèse d'un monstre qui nous est montrée, et même s'il est imaginaire et sort droit d'un comics purement américain, ce monstre est d'une grande complexité, certainement plus intéressant que le super-héros qui le combattra, plus tard, mais qui ici, ouf, ne fait qu'une brève apparition et n'est pas encore Batman…
Le réalisateur, auteur des comédies répétitives et sans beaucoup d'intérêt Very Bad Trip 1, 2 et 3, semble être passé dans une autre dimension, par miracle ? Il est fort probable que Joaquin Phoenix y soit pour beaucoup dans cette réussite totale. L'acteur s'est investi physiquement, mais pas seulement : il y a quelque chose d'absolument fascinant dans son jeu : il incarne avec un naturel confondant un handicapé mental qui devient fou, pris dans un enchainement de violence que le film parvient à rendre en même temps détestable et inéluctable, voire explicable. C'est sombre, terriblement sombre en ce qui concerne l'Humanité, et brillant sur tous les plans, autant formels que dans sa démonstration. Il n'y a rien de surnaturel dans l'histoire et pourtant la caméra donne au Joker des allures d'ange, ou de démon. La musique accompagne la démesure, grave et lente, à la limite de la distorsion. La ville est montrée comme une cité contemporaine très américaine (très New-yorkaise) mais avec des allures de bas-fonds futuristes, inquiétante, foisonnante, une mégapole où la promiscuité crée des tensions mortelles. Le message est terrible et n'est pas affadi par un happy-end : le monde tel qu'il est, individualiste, capitaliste et clivant, crée les propres moyens de sa perte, il engendre à sa périphérie des gangrènes effroyables.
Tout cela est montré sans aucune concession à une quelconque bienveillance, avec une rigueur impeccable et implacable du récit. C'est parfait, et ça fait froid dans le dos, plus encore que toutes les théories de l'effondrement. Ce Joker est finalement un grand film politique… C'est évidemment parfois très violent mais jamais de façon gratuite, c'est surtout du cinéma total, qui vous en met plein la vue et les oreilles, qui fait réfléchir, s'indigner, s'extasier. Terrible et parfait.

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