J'enrage de son absence

Sandrine Bonnaire

L'histoire

Après dix ans d’absence, Jacques ressurgit dans la vie de Mado, aujourd’hui mariée et mère de Paul, un garçon de sept ans. La relation de l’ancien couple est entachée du deuil d’un enfant. Alors que Mado a refait sa vie, Jacques en paraît incapable et lorsqu’il rencontre Paul, c’est un choc. La complicité de plus en plus marquée entre Jacques et Paul finit par déranger Mado qui leur interdit de se revoir.

Avec

William Hurt, Alexandra Lamy, Augustin Legrand, Jalil Mehenni

Sorti

le 31 octobre 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Questions de crédibilité

 

Sandrine Bonnaire est une fille formidable. Pas de mauvais choix (ou presque) dans sa filmographie, un côté anti-star assumé, un engagement politique et social tout à fait respectable, et un film documentaire bouleversant sur sa sœur autiste, entre rigueur et émotion.
On peut donc être très impatient de voir son premier film de fiction, un peu inquiet quant au sujet, propice au mélo, et pour le choix des acteurs : William Hurt est le père de la première fille de Sandrine Bonnaire, dont il est séparé et dans le film, il joue comme par hasard l'ex de l'héroïne… elle-même incarnée par Alexandra Lamy, habituée à des rôles bien plus légers que celui-ci.
A la sortie de la projection, on peut se sentir partagé, pas tout à fait séduit ou convaincu, mais pas non plus atterré… Cinématographiquement, il y a une belle maîtrise globale, un sens du "cut" aiguisé : il n'y a pas une seconde de trop à la fin de chaque plan, le montage est sec, efficace, donnant beaucoup de sens aux échanges, aux regards, aux non-dits. Le rythme du film épouse le récit : à la nervosité du début, sans hésitations, comme le sont les personnages de la mère et du fils, succède une lenteur inquiétante et grandissante, calquée sur la dépression du personnage joué par William Hurt. L'histoire en elle-même paraît parfois très crédible et verse à d'autres moments dans le grand n'importe quoi. Mais ce n'est pas le scénario qui est en cause, on aurait pu croire à quelque chose d'encore plus tordu ou insensé, si les acteurs parvenaient à nous emporter. Mais William Hurt est un bloc de douleur impénétrable, sans beaucoup de nuances. En face de lui, Alexandra Lamy fait ce qu'elle peut, on a parfois l'impression d'y voir Sandrine Bonnaire elle-même, on imagine la réalisatrice à sa place, lui montrant comment elle doit jouer, et sans doute l'aurait-elle mieux fait… On voit son jeu en deux ou trois occasions et cela est un peu gênant pour l'existence du personnage.
Et l'enfant, dans tout ça ? Exactement à l'unisson de l'entreprise. Parfois très juste, autant dans son jeu que dans ce qu'il a à dire, et parfois pas du tout crédible, avec des réparties d'adulte et une maturité déplacée.
Ce n'est donc pas tout à fait le film formidable qu'on est en droit d'attendre d'une personne aussi riche émotionnellement qu'est Sandrine Bonnaire, mais sa prochaine œuvre le sera, très certainement…

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