Les invités de mon père *

Anne Le Ny

L'histoire

L'engagement humanitaire du patriarche Lucien Paumelle est le pivot de la famille. Aussi, c'est sans réelle surprise que ses enfants Babette et Arnaud apprennent que leur père a poussé le militantisme jusqu'à épouser une jeune Moldave...

Avec

Fabrice Luchini, Karin Viard, Michel Aumont, Valérie Benguigui, Véronica Novak, Olivier Rabourdin

Sorti

le 31 mars 2010

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Amère déconstruction

 

Situé, d’une certaine façon, entre le splendide "Welcome" de Philippe Lioret et le facile "Je vous trouve très beau" d’Isabelle Mergault, ce film d’Anne Le Ny prend comme point de départ la situation des sans-papiers, mais au fond ne traite pas vraiment le sujet. C’est le premier aspect politiquement incorrect du deuxième long métrage de cette actrice passée à la réalisation et qui ne se regarde pas le nombril (de gauche, le nombril, et bien pensant, c’est mieux)…
Après les conjoints des cancéreux en phase terminale (Ceux qui restent), elle s’intéresse aux proches d’un vieil homme qui décide d’abriter une jeune femme moldave et sa fille. Ces deux dernières resteront des personnages secondaires, dynamitant la cellule familiale, mais tout de même au second plan. Le couple mis en avant est formé par le frère et la sœur, et ce qui en est dit est cruel et tendre en même temps. Les relations au sein de cette famille sont un autre aspect socialement incorrect. Ça discute en profondeur, les échanges ne restent pas superficiels, passent allègrement la limite du bon mot pour toucher là où ça peut faire mal. De la comédie (les dialogues sont souvent drôles), on glisse souvent à l’amer, on frôle l’indécence sans jamais l’atteindre mais le dérangeant, oui, on est en plein dedans. Les claques échangées sont bien plus morales que réelles, et certaines sont adressées au spectateur…
Le récit n’est pas tout à fait clos, tant dans son déroulement que dans son épilogue. Les points de suspension pour certains personnages ont parfois des béances tragiques, et certaines prises de conscience, qui dans d’autres films sans doute mieux pensants auraient débouché sur des revirements ou au moins des remises en cause des parcours de vie, restent ici comme des constats d’échec, des abîmes de perplexité. Que fait un fils face à son père qui lui dit qu’il se sent déjà mort, comment se sent-on quand on a laissé commettre l’irréparable action contraire à ses propres valeurs morales, pourquoi certaines confidences totalement indiscrètes sortent au plus mauvais moment, quelle est la part d’hypocrisie de chacun…
On en sort un peu troublé, surpris sans doute d’être déstabilisé par ce qui reste une comédie, certes amère, mais tout de même une comédie.
Celle-ci d’ailleurs manque parfois de rythme, les dialogues formidables n’ont pas toujours le bon tempo, il manque un doigt de naturel pour être totalement dedans, mais qu’importe, Anne Le Ny, en deux films, s’inscrit dans le cercle restreint des observateurs pointus des sentiments. On attend le prochain, avec impatience…

 

 

 

Vos commentaires pour ce film


Comédie ou pas d’ailleurs ! très acerbe ! Luchini qui ne fait pas du Luchini, un plaisir ! Karin Viard très bien ! Le problème des sans-papiers n’est que le support de l’histoire, la relation père-fils et la fusion père-fille voilà le vrai sujet très bien traité de ce film tout en subtilités, j’ai trouvé le ton très réaliste, ce n’est pas du tout traité de façon simpliste comme dans certaines comédies françaises. Michel Aumont en père octogénaire qui vit sa dernière histoire d’amour nous renvoie à des questions sur la vie sexuelle de nos parents (tabou judéo-chrétien bien ancré !!!) mais aussi sur notre propre vieillesse à venir, je parle pour les presque cinquantenaires et plus bien sûr. Ce n’est pas du tout une petite comédie anodine.

Isabelle M, le 12 avril 2010

 

Envoyez votre commentaire