Mais que sont allés faire
Ana Girardot et Pierre Niney, ces deux étoiles montantes
pleines de talent, dans ce (presque) nanar, qui pourrait ressembler
(un peu) à un très mauvais Chabrol ? Leur interprétation
n'est pas en cause : Niney apporte de la tension, il a une présence,
une énergie juvénile sans être immature et la
fille d'Hippolyte Girardot prouve qu'elle peut jouer des deux côtés
de la frontière sociale, après la jeune femme modeste
dans "le beau monde",
elle compose une fille issue de la très haute bourgeoisie,
pleine de classe.
L'histoire est à la fois abracadabrante et très attendue,
comme un mauvais polar écrit à la va-vite, un roman
de gare dans le plus mauvais sens du terme. La
liste des invraisemblances est longue comme un générique
de film à effets spéciaux, mais ce qui navre le plus,
c'est l'absence totale d'imagination dans la mise en scène
et dans l'organisation du récit : les séquences se
déroulent sans peur, sans surprises, sans contraste. Le récit
est très clair, beaucoup trop clair, et après une
mise en route des plus laborieuses, l'arrivée du maître
chanteur (il y a toujours un maître chanteur dans une histoire
d'usurpation, quelle qu'elle soit) est à peine inquiétante
et l'explication de sa présence soudaine, donnée presque
d'emblée, lui enlève toute velléité
de mystère et d'ambiguïté. On se prend à
souhaiter qu'il se passe des évènements vraiment affreux,
bien au delà d'un petit meurtre par inadvertance, par malchance.
La façon dont le héros cherche à cacher ses
grosses bêtises est assez risible, cela tient plus du vaudeville
qu'autre chose.
Il reste le soleil, le charme d'Ana Girardot (et sans doute celui
de Pierre Niney pour ceux et celles qui aiment les garçons),
et… c'est tout. On est bien loin du film idéal.