Parce qu'il est question d'amour
et de la confrontation entre deux classes sociales opposées,
on pense au tout récent "Pas
son genre", ou bien au beaucoup plus ancien "La dentelière",
mais ce serait réduire le film à ce seul sujet et
ce serait passer à côté de ses autres thèmes,
entre autres le passage douloureux à l'âge adulte,
l'amour comme un abandon de soi, ou bien encore, un peu plus prosaïque
mais pas moins intéressant, la broderie (on pense aussi à
"Brodeuses") comme une métaphore de l'acte créatif
au carrefour de l'art et du commerce, mais aussi du tissage de sa
propre vie.
Le scénario n'évite pas certains clichés, surtout
dans la façon de décrire le milieu modeste d'où
vient la jeune femme d'une part, et d'autre part le "beau monde"
dont fait partie celui qui devient son amoureux. Mais il est aussi
dit dans cette histoire beaucoup de belles choses, et pas forcément
attendues, sur l'éveil, l'accomplissement de soi, la confiance
ou la trahison… Peut-être y a-t-il même un peu
trop de sujets et parfois on pourrait croire qu'il s'agit d'une
première œuvre où la réalisatrice aurait
mis tout ce qui lui pèse sur le cœur. Mais il n'en est
rien, Julie Lopes Curval n'est pas une débutante, son film
laisse une belle impression de douceur acide, à l'image de
l'actrice principale, Ana Girardot, très juste dans tout
ce qu'elle fait, et qui parvient à faire sentir l'évolution
de son personnage. Globalement, c'est une réussite, qui fait
naître de l'émotion, et pose beaucoup de questions
en les présentant intelligemment, sans apporter de réponses
toutes faites, en s'abstenant de trancher.